Musée du Chateau d'Argent

Journal juin 2022

Mensuel du Château  d’Argent    -    N°  40    -    Juin  2022

 Sigmund FREUD :    Le Malaise dans la Culture 
(Das Unbehagen in der Kultur.  1929-1930).
 
Freud a entamé son ouvrage: Le Malaise dans la Culture, au cours de l’été 1929.
Il comporte huit chapitres  ( 1 ) , difficiles à séparer les uns des autres tellement les idées et les thèmes leur sont communs.
Deux ans auparavant, Freud avait écrit  L’Avenir d’une Illusion  (1927) :  l’illusion de la religion. C’est cet écrit qui sert de fondement à l’argumentation développée dans Le Malaise dans la Culture.
 
Il n’y a pas de présentation de l’ouvrage, pas d’introduction.
Freud saute d’emblée, en ouvrant le premier chapitre, au thème qui le relie à son livre de 1927 :  le problème de la religion.
De suite, il démasque la religion comme étant une énorme erreur de jugement, mais qui est dans la nature humaine :  « Les hommes mesurent communément selon des étalons faux. Ils sous-estiment les vraies valeurs de la vie ».
Un de ses amis, Romain Rolland  ( 2 )  a reproché à Freud  de ne pas reconnaître que le phénomène religieux est issu d’un sentiment universellement partagé,    subjectif et indéfinissable :  le sentiment ou la sensation d’éternité, l’intuition d’un autre ordre de choses, tellement vaste et englobant, qu’on peut l’appeler « océanique ».
Freud avoue qu’il ne l’a jamais ressenti. On ne peut pas lui en faire le reproche, pas plus qu’on ne peut reprocher à quelqu’un de ne pas avoir de sentiment musical.  On dit communément : « Il faut que ce soit donné ».
Or,  nous sommes en présence d’un auteur qui est médecin : un scientifique.  « Travailler scientifiquement sur les sentiments, dit-il, n’est pas facile »  ( 3 ). Cet investigateur, cet archéologue de l’âme humaine,  veut creuser plus profondément,  et rechercher les causes de la religion. Le sentiment universel « océanique » ne lui suffit pas. Il veut savoir en réalité d’où il vient. Il est caché dans le prolongement intérieur de la personne :  l’inconscient.  Ces galeries profondes et invisibles en surface, Freud les appelle le « ça ».  On les connaît si mal qu’il est difficile de leur donner un  nom.  C’est cette chose-là,  « das Ding ».  La plante visible,   c’est le « sentiment océanique »  de la religion.  Mais le ça, la racine invisible,  qu’est-elle ?
La racine, comme pour toute plante, est originelle, elle se situe à l’origine de l’être humain. Elle est son enfance, et même le tout début de son enfance. Alors que Freud, ici, n’illustre pas cet argument, nous nous permettrons de l’expliquer ainsi :   au moment de venir au monde, nous avons de suite rencontré des obstacles, qui nous ont  suscité un sentiment de déplaisir, de contrariété et de peur. On pense à la lutte à mort que doit soutenir l’enfant pour sortir, à sa sensation d’étouffement, sa terreur de percevoir tout à coup la lumière, à travers le si mince tissu de ses paupières fermées, d’entendre des bruits inhabituels,  de sentir le contact de mains, d’instruments, de linges dont il n’a jamais eu l’expérience, une température différente des 37 degrés maternels, la séparation et le plongeon dans l’inconnu,  le désir vital de retrouver la mère et de retourner à la « maison », cette Sehnsucht,  intraduisible en français, et, s’il ne la retrouve pas, alors la panique et la détresse mortelle.
Ces tourments sont les premières expériences humaines. Plus tard, ce qu’il n’avait pu obtenir se transformera, par l’éducation,  en chose interdite,  et deviendra avec les années un tabou, ainsi que tout ce qui était relié à cet inaccessible.
Ces expériences, on ne s’en souvient pas ; mais elles ne sont jamais oubliées.  Ce sont les premiers sillons   gravés sur le disque. La grande thèse de Freud, c’est que l’enfant demeure en l’homme jusqu’à la fin de sa vie, et qu’il détermine toute son existence.  « Bien des tourments qu’on veut rejeter à l’extérieur, se révèlent pourtant inséparables du moi, et sont d’origine interne »  ( 4 ) .
Ce n’est pas seulement le tourment qui demeure au plus profond de l’homme, mais aussi le sentiment de ce qu’il a perdu :  une plénitude, une sécurité totale, une présence maternelle transcendante et parfaite.
Une volonté de régression va se manifester, qui sera la trame de l’existence : sans cesse l’être humain recherchera la béatitude de ce nourrisson qu’il a été et qui est encore en lui ;  il la recherchera de toutes les façons, même dans des comportements addictifs, pathologiques, que Freud appelle les névroses ou plus graves : les psychoses.
Mais il y a encore une autre expérience infantile qui va déterminer sa vie :  c’est l’expérience du père.  Freud ne le dit pas explicitement ici, mais nous le trouverons dans ses autres œuvres :  le père peut être perçu par l’enfant comme celui qui avait « séparé » et occasionné toutes les douleurs et frustrations de la naissance. Ce rôle frustratoire du père est confirmé ensuite par son action éducatrice et son autorité. Nous décelons ici une faiblesse dans l’articulation de l’exposé freudien :  il ne fait pas, dans ce livre, la distinction entre le désir de retrouver la mère et la relation de crainte et d’hostilité au père. Or, le sentiment « océanique » est bien celui qui est suscité par la mère.  Mais le sentiment que Dieu châtie, commande, et cause des frustrations, est celui qui est provoqué par le père.  Freud confond les deux :  « La  dépendance infantile et le désir du père  (nous pensons que c’est en fait le désir de mère),  se conserve durablement en raison de la peur éprouvée face à la puissance supérieure du destin. Je ne saurais indiquer un autre besoin issu de l’enfance aussi fort que celui de la protection paternelle »  ( 5 ). Et voici le nœud dénoué :  « On peut clairement faire remonter l’origine de la disposition religieuse au sentiment de la dépendance enfantine »  ( 6 ) .
Cette régression sera vue, plus loin, comme un obstacle au développement humain, et au  progrès de la culture en général.  ( 7 )
 
Le chapitre deux est consacré à la finalité de la vie, à savoir le plaisir et la satisfaction des besoins.
L’homme « du commun » se représente la Providence comme une entité paternelle, correspondant aux références gravées dans son esprit. Il a besoin d’un Père pour l’aider à supporter le poids trop lourd de l’existence. Ainsi la religion ( 8 )  devient une béquille et aussi un palliatif à ses misères.
En dehors de la religion, l’être humain  trouve d’autres palliatifs ou roues de secours :  les diversions, les substitutions, les stupéfiants.
La culture, le travail, l’activité scientifique peuvent compter parmi les diversions.
Les illusions, qui permettent d’échapper à la réalité sont des substitutions au réel.
Les stupéfiants, alcool, tabac, drogues diverses nous rendent insensibles à toute douleur.
Mais, de tous ces palliatifs, c’est la religion qui répond le plus parfaitement à la demande de l’homme :  « Seule la religion sait répondre à la question d’une finalité de la vie. (…) On ne se trompera guère en disant que l’idée d’une finalité de la vie tient et s’effondre avec le système religieux »  ( 9 ) .
Mais le but de la vie tel qu’il est défini par la religion (10) n’est pas toujours ce que les hommes attendent de la vie.
Qu’est-ce qu’ils en attendent ?  « Ils aspirent au bonheur ; ils veulent devenir heureux et le rester » (11 ).  Pour cela, il faut d’abord qu’ils ne souffrent d’aucune manière, et qu’ils éprouvent un sentiment de plaisir.  C’est le principe de plaisir qui est, pour l’être humain, le but, la raison de vivre.
Mais ceci est irréalisable.  Les adversités de l’existence s’y opposent d’une part. D’autre part, on ne peut ressentir de plaisir qu’épisodiquement et par contraste :  avoir chaud quand on avait froid,  pouvoir boire quand on a soif… Si le plaisir était un état continu, il ne serait plus apprécié.
Venons-en à la souffrance. Pour éviter de souffrir, il y a deux moyens :  prendre de la distance vis-à-vis des autres, en vivant en ermite ; et d’autre part, s’attaquer à la nature par la science et la médecine.  Pour ne pas souffrir de frustration, une troisième solution serait de tuer nos pulsions et nos aspirations au  bonheur. Tarir les sources profondes des besoins est enseigné par la sagesse orientale et le yoga.
Ceci est tout aussi impossible que d’éprouver continuellement un sentiment de bonheur.  A moins de sacrifier la vie elle-même, on ne pourra  totalement éviter de souffrir.
Il y aurait cependant une technique : ce serait de déplacer et de sublimer les pulsions, c'est-à-dire de trouver d’autres sources de bonheur que la satisfaction de celles-ci. Par exemple, le travail et tout ce qui peut devenir une passion,  l’art surtout.  Mais ceci n’est pas accessible à tous, seulement à une élite.  La sublimation des pulsions primitives peut aussi s’effectuer par la fuite imaginaire dans un autre monde : « On peut vouloir recréer (ce monde-ci) et en édifier un autre à la place, dans lequel les traits intolérables sont effacés et remplacés par d’autres qui vont dans le sens de nos propres désirs »  (12) .
Il en est ainsi des promesses de la religion. Les idées de royaume de Dieu, de vie éternelle etc…, font que la religion devient un délire nous permettant d’échapper à la contingence terrestre.
Il y a enfin un procédé qui s’approche plus près du but que n’importe quel autre : c’est la fuite dans l’amour universel.  Freud l’appelle un art de vivre.  Mais c’est justement là que la souffrance nous attend :  « Jamais nous ne sommes plus vulnérables à la souffrance que lorsque nous aimons » (13) .
Le bonheur amoureux peut prendre plusieurs formes, selon ce que l’on aime  (14 ) et peut être suscité de la façon la plus satisfaisante par l’art et la beauté. « L’utilité de la  beauté n’est pas évidente, on ne saurait pénétrer sa nécessité culturelle, et pourtant on ne saurait s’en passer dans la culture » (15).
En conclusion, c’est à chacun de chercher lui-même de quelle façon il peut trouver le bonheur : aucun conseil n’est valable pour tout le monde  (16).   
 Il est une voie cependant, qui sera suivie par celui qui n’aura pas su en trouver une autre :  c’est la névrose, la fuite dans la maladie mentale. C’est une satisfaction de substitution  (17) .
L’auteur termine ce chapitre deux par une nouvelle attaque contre la religion :  celle-ci, en effet, élimine la possibilité pour chacun de choisir sa propre voie de bonheur :  « La religion compromet ce jeu du choix (…) en ce qu’elle impose à tous la même manière d’acquérir le bonheur et de se protéger contre la souffrance. Sa technique consiste à rabaisser la valeur de la vie et à déformer de façon délirante l’image du monde réel, ce qui présuppose d’intimider l’intelligence (…). A travers la fixation violente d’un infantilisme psychique et un délire de masse, la religion parvient à épargner à un grand nombre d’hommes la névrose individuelle. Mais guère plus. (…)  Au croyant, il ne reste plus que la soumission inconditionnelle »  (18 ).    
Nous cherchons tous à échapper à la souffrance, quelle qu’en soit la source. Or, une cause importante et universelle de souffrance , c’est la culture.
 
Le chapitre troisième est consacré à la culture comme souffrance.
La société impose à l’homme des frustrations parfois insupportables, qui le rendent malade.
La science n’a pas rendu les hommes plus heureux : ils lui apportent un tribut écrasant par le pouvoir exercé sur la nature.  La médecine  permet d’allonger la vie, mais « que nous importe une longue vie si elle est pénible, pauvre en amis, riche en souffrances, au point que nous ne pouvons qu’accueillir la mort comme une délivrance ? »  (19 ).   C’est un témoignage personnel.  La pensée freudienne en général, est d’un pessimisme total et s’harmonise avec  l’Existentialisme  athée, à la même époque.
A l’évidence, nous ne nous sentons pas bien dans la culture actuelle.
Qu’est-ce, pour Freud, que la culture ? 
L’auteur reprend ici la définition qu’il avait donnée dans L’Avenir d’une illusion :
« Le mot ‘culture’ désigne la somme totale des réalisations et des institutions par lesquelles notre vie s’éloigne de celle de nos ancêtres les animaux et qui servent à deux fins :  la protection des hommes contre la  nature, et l’organisation de la relation des hommes entre eux »  (20 ).    
Freud pense que l’avenir apportera encore davantage de progrès qui, « d’une ampleur inimaginable, renforceront encore la ressemblance (de l’homme) avec un dieu »  (21 ). Mais, hélas, là non plus  l’idéal humain n’est pas atteint, car l’homme ne se sent pas plus heureux si on lui dit qu’il ressemble à un dieu.
Tout ce qui a été évoqué au chapitre précédent est repris ici, notamment la  finalité de la culture .   La culture est tout ce qui est utile à l’homme :  l’exploitation de la terre et la protection contre la nature.  Mais les choses paraissant inutiles font aussi partie de la culture :   l’art, l’ornement, la beauté : « Nous voulons que l’homme culturel honore la beauté là où il la rencontre dans la nature et qu’il en produise dans des objets autant que le permet le travail de ses mains »  (22).    Il y a aussi l’ordre et la propreté  qui sont des signes distinctifs de la culture  (23).     Par-dessus tout,  il faut placer le travail intellectuel :  scientifique, artistique, littéraire, philosophique, spéculatif.  Le monde des systèmes religieux occupe la première place dans le travail spéculatif.  Enfin, caractérisant le phénomène culturel, il y a les lois sociales, qui régissent les relations humaines  (24).   
 Mais, avec les lois organisant la société, voici qu’apparaît déjà une ombre à la culture.
Car le contrat social régissant la collectivité, peut devenir une épreuve pour  l’ individu.  La personne collective menace de passer avant la personne individuelle :  « La vie en commun des hommes (…) se maintient unie contre chaque individu ».  Elle restreint les aspirations et satisfactions des hommes pris séparément.  Ainsi, la liberté individuelle ne peut être  considérée comme étant un bien de la culture : elle est au contraire bâillonnée par la culture.  L’ordre de la société,  la justice et les lois, ne peuvent jamais être mis en cause par l’individu.  Donc, « C’est avant toute culture, que la liberté individuelle était la plus grande »  (25).  Nous pouvons en déduire que l’idéal de liberté, dans une nation, ne peut s’appliquer vraiment qu’à la société dans son ensemble,  mais seulement faiblement et relativement à chaque  individu.
La personne doit donc trouver un moyen terme entre ses besoins individuels et les exigences de la société.
On peut dès lors en conclure que la culture n’est pas un état idéal. Elle contraint l’individu, soit à renoncer à ses pulsions, soit à les sublimer, changer d’objet et trouver d’autres satisfactions :  « La culture est construite sur le renoncement pulsionnel »  (26 ).
Voilà ce qui explique l’hostilité que rencontre la culture.  On cherche alors à compenser ces frustrations individuelles par des satisfactions de toutes sortes et, sans la bride des lois et de la société,  « on peut se préparer à des perturbations graves »  (27).  
 
Le chapitre quatre  cherche à savoir à quelles influences le développement de la culture doit son origine.
Freud voit une double origine au développement de la culture :
-  Le travail et ses corrélations (la collaboration, la concurrence).
- La famille, ses jeux d’autorité, sa gestion, avec l’arbitraire du père, la soumission de la femme par égard aux enfants,  les alliances entre frères contre la tyrannie patriarcale.
« La vie en commun des hommes fut ainsi fondée doublement, par la contrainte du travail venant des nécessités extérieures, et par le pouvoir de l’amour qui ne voulait pas être privé, du côté de l’homme, de l’objet sexuel qu’est la femme, et du côté de la femme de cette partie détachée d’elle-même qu’est l’enfant »  (28).   
Hélas, le bonheur conjugal et familial est trop relatif pour demeurer le centre de la vie.
L’être humain fuit alors dans un idéal d’amour universel, à l’exemple des grands saints comme St François d’Assise.  C’est, pour Freud, « la plus haute disposition à laquelle l’homme puisse s’élever »  (29).    
Cet idéal n’est pas applicable, car un amour universel perd sa faculté d’élection, de discrimination, ce choix qui en fait la valeur.  D’autre part, tous les hommes ne sont pas dignes d’être aimés.  (30 ).
L’amour est,  pour notre auteur,  aussi bien  éros,  qu’agapè et philia  (31).  Mais à l’origine , il n’était qu’éros et ceci est important :  l’amour réfréné dans sa visée (c’est-à-dire l’amour fraternel et l’amitié)   était originellement un amour pleinement sensuel et il l’est toujours dans l’inconscient humain   (32).   
Cet amour familial tend à se couper des autres quand la cohésion de ses membres est très forte. Les femmes surtout,  s’opposent à la culture par peur de perdre l’objet de leur tendresse, époux ou enfants, qui se développeraient loin d’elles.  En effet, les hommes cherchent à sortir vers l’espace élargi de la culture,  tandis que les femmes ne savent pas sublimer leurs pulsions (33 ), et assimilent l’ouverture culturelle des hommes à une concurrence.  Les femmes ont un rapport d’hostilité à la culture  (34 ).    
Dès l’origine, l’homme a été obligé de se détacher de ses pulsions, notamment du désir d’inceste. Et c’était la première phase du développement de la culture :  « L’interdit du choix de l’objet incestueux (est) peut-être la mutilation la plus décisive que la vie amoureuse des hommes ait subi au cours des âges »  (35 ) .
Comme les femmes, les hommes ont donc spontanément développé un rapport d’hostilité à la culture.
C’est dans la culture occidentale que l’on trouve le point culminant de cette répression :
Certes, l’inceste est interdit, et ceci dès l’enfance ;  mais même le commerce normal de l’homme et de la femme est bridé par une série de lois :  il faut que la relation soit légitime (par un mariage),  monogame, unique et indissoluble  (36 ).    L’homosexualité était, à l’époque de Freud,  une perversion interdite et c’est, à ses yeux,  une source de graves injustices  (37 ).
L’évolution des mœurs et des lois  conséquentes, en Occident,  ont prouvé la justesse de vues de notre auteur, qui dit que toutes ces exigences de la culture sont irréalisables, même sur de courtes périodes :  « Seuls les plus faibles se sont soumis à une si profonde intrusion dans leur liberté » ;  les plus forts ont exigé des compensations  (38 ).   
De ce fait, la société a été contrainte à l’hypocrisie, et a dû tolérer, sans le dire, de nombreuses transgressions à ses lois.  Par la culture, la nature en l’homme civilisé est de plus en plus réprimée et s’étiole comme une plante qui n’est pas nourrie. 
 
Les violences que la culture fait subir à la nature, finissent par se retourner contre elle.
Le chapitre cinq parle des dangers qui menacent la culture elle-même.
Ces frustrations, en effet, provoquent des névroses, dont les symptômes sont des satisfactions de substitution  (39 ).   
La morale, censée préserver la civilisation par les cadres qu’elle lui impose, détruit cependant les relations humaines par le jugement, la discrimination et la condamnation.
La culture réclame le sacrifice de la pulsion érotique, car celle-ci se désintéresse complètement de la culture et de la société. L’éros est une menace pour la civilisation  (40).     
La culture tend à instaurer une communauté de travail et  d’amitié satisfaisant les intérêts de tous. C’est, pour Freud, un idéal qui n’a jamais été réalisé et ne le sera jamais.
L’idéal du Christianisme, résumé dans le commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »,  bien plus ancien que l’ère chrétienne,  est étonnant. L’auteur y revient ici :  « Pourquoi devrions-nous aimer notre prochain ?  En quoi cela nous aide-t-il ? Mais surtout, comment y parvenir ? »   (41).    Que le prochain me soit aussi précieux que moi-même, c’est impossible. Il faut que celui auquel je donne mon affection le mérite, car je ne saurais dispenser mon amour n’importe comment. Il le mérite, s’il partage mes qualités, ou s’il est supérieur à moi,  ou encore s’il me touche par l’un de mes parents ou amis.  Voici une phrase,  surprenante sous la plume d’un médecin, et qui permet de comprendre pourquoi Freud a rencontré tant d’hostilité :  « Mais si (le prochain) m’est étranger, s’il n’a pour moi aucune valeur propre ni déjà acquise pour ma vie affective, aucune signification par quoi il puisse m’attirer, il me sera difficile de l’aimer ».  Ce serait même une injustice : « C’est une injustice à l’égard des miens, que de placer un étranger sur un pied d’égalité avec eux ».  Si je dois l’aimer au nom de l’amour universel,  « simplement parce qu’il est un être de cette terre, tout comme l’insecte, le lombric ou la couleuvre, alors je crains qu’il ne lui échoie qu’une faible quantité d’amour, et qu’il soit impossible qu’elle atteigne ce que je suis justifié à me réserver à moi-même ».
Si je suis honnête  (42 ), cet  étranger devrait plutôt s’attendre à mon hostilité  ou ma haine  (43 ).  Car lui n’aura aucun scrupule à me faire du mal. Alors, parler d’amour pour ses ennemis, est le comble de l’absurdité.  Freud cite Heinrich Heine :  « Il faut pardonner à ses ennemis, mais pas avant qu’ils ne soient pendus »  (44 ).
Le prochain lui-même me rejettera pour les mêmes motifs. 
Notre  auteur cite ici le cas du peuple juif :  c’est par les chrétiens, adeptes de la loi d’amour, que le peuple juif a été le plus persécuté. Même les Romains païens étaient plus tolérants : l’intolérance religieuse leur était inconnue  (45 ).
En outre, observer  ces principes chrétiens, c’est « accorder une prime directe à la méchanceté »  (46 ), comme l’illustre le cas de l’abolition de la peine de mort.
Alors, c’est une autre image de l’homme qui est donnée ici.  Non, il n’est pas un gentil animal en quête d’amour, mais a en lui une puissante pulsion d’agressivité.  Il ne voit dans son semblable qu’un outil destiné à satisfaire ses pulsions, s’emparer de son bien, l’humilier, le faire souffrir et le tuer. Homo homini lupus. « Qui aura le courage, après toutes les expériences de la vie, de contester cette maxime ? »  (47 ).  Il apparaît à Freud comme une bête sauvage,  qui ne cherche même pas à épargner sa propre espèce.  Il n’y trouve qu’une seule exception :  la relation de la mère avec son enfant mâle.
L’agressivité existait entre les hommes de tout temps, et bien avant l’existence de la propriété privée.  L’inégalité naturelle entre les hommes   en est le terrain d’élection,  et il n’est pas possible d’y remédier. 
C’est à cause de ce penchant humain à l’agression, que la culture doit déployer tant d’efforts. Mais jusqu’ici, ces efforts n’ont pas donné grand-chose.
Ainsi, la culture essaie de brider autant que possible le penchant de l’homme à l’agression, de même que les pulsions érotiques qui menacent la civilisation. Et « nous comprenons d’autant mieux qu’il devienne difficile à l’ homme de s’y trouver heureux »  (48).   
La culture entraîne un malaise, une misère psychologique générale  (cette idée est centrale chez Freud)  :  « la misère psychologique des masses »  ( 49).  Le divan n’est donc pas seulement pour l’individu, car le malheur engendré par la civilisation est général.
 
Les pulsions sont l’objet du chapitre six.
Les pulsions sont les rouages du monde. Il serait vain de chercher à les supprimer, tout comme les forces de la nature.
Freud en  distingue deux sortes : les pulsions de vie, et les pulsions de mort.
Les pulsions de vie sont celles qui assurent la conservation de l’espèce et sa pérennité.
C’est ici que l’auteur redonne sa définition de ce qu’il appelle la « libido » (50 ). C’est exclusivement pour les pulsions de l’amour, même au sens le plus large, que Freud utilise l’ expression de « libido »  (51).
Pulsions conservatrices et pulsions reproductrices : les unes sont tournées vers le « moi », et les autres vers l’objet de convoitise  et d’amour. Lorsqu’il y a conflit entre le moi  (52)   et la pulsion d’amour,  alors s’installe la maladie mentale, la névrose ou la psychose.  C’est le cas lorsque le moi narcissique, tourné vers lui-même, entre en conflit avec la pulsion libidinale :   les deux mouvements contraires demandent de grands renoncements et provoquent de dures souffrances.
C’est ici qu’apparaît la pulsion de mort. S’opposer à l’une ou l’autre des pulsions assurant la conservation ou la reproduction de l’espèce, c’est  mettre en œuvre la pulsion de destruction.
Cette dernière est partout présente :  c’est elle qui pousse la personne  à s’opposer à son amour-propre, comme à son autre objet d’amour, ainsi qu’ à la culture en général. Cette pulsion ne peut faire l’objet d’un jugement de valeur : elle n’est ni bonne ni mauvaise car, originairement,  la pulsion de mort  sert la vie et la nature.  C’est seulement la morale qui assimile cette pulsion au mal.
Les pulsions de mort et de vie sont, les unes comme les autres, empreintes de libido, car elles procurent d’intenses satisfactions.  Par exemple, la pulsion de destruction permet d’exercer, avec grand plaisir, des désirs de toute-puissance, et c’est là le moteur profond du meurtre et de la guerre.
La culture trouve  dans cette tendance à l’agression son plus grand obstacle.  Car la culture veut être au service de la vie et de l’amour universel, rassemblant  « individus, familles, tribus, peuples, nations en une seule humanité unie »  (53 ). Seule la pulsion d’amour peut les rassembler, et non un idéal quelconque, serait-ce l’idéal marxiste du travail.  S’opposant sans cesse à la force corrosive de la destruction, « le développement de la culture doit être qualifié sans détour de combat vital de l’espèce humaine »  (54 ).  Ce n’est pas sans contradiction que Freud affirme dans ces pages que l’éros s’oppose à la culture, tandis que l’amour universel est le but de toute civilisation. L’éros devient force de mort pour la culture,  alors qu’il est pourtant, avec l’instinct de conservation, une pulsion de vie. Or l’amour universel, il l’a dit, est une illusion et entre dans le cadre du commandement d’aimer le prochain, qui est absurde.  Et voici donc que nous touchons du doigt le malaise  dans la culture :  elle est, certes, le combat vital de l’espèce humaine, mais ce qui est vital pour l’homme (la force de reproduction de l’espèce) est justement, d’une part, destructeur pour la culture et d’une part, est menacé de destruction par la culture : c’est tout l’argument des trois premiers chapitres.  
 
La question se pose maintenant de savoir de quels moyens se sert la culture pour combattre l’agression venant en face : ce sera l’objet du chapitre sept.                  
C’est la conscience morale,  appelée « surmoi », c'est-à-dire ce qui domine notre personnalité, qui met hors d’état de nuire la tendance à l’agression.  Cette conscience morale agit au moyen d’une culpabilisation.
A l’origine, l’homme n’a pas la faculté naturelle de distinguer le bien du mal. Il ne perçoit pas forcément ce que nous appelons « mal », comme quelque chose de nuisible ou de dangereux ;  au contraire, c’est souvent quelque chose qui l’attire et lui fait plaisir.
Donc, ce doit être une influence étrangère qui lui dit que ceci est bien ou mal :   c’est quand il perd l’amour de quelqu’un, ou a peur de le perdre ;  quand ce qu’il fait, ou la circonstance dans laquelle il se trouve lui apparaît comme quelque chose de nuisible, de mauvais.  « Au début, le mal est donc ce pourquoi l’on est menacé d’une perte d’amour »  (55 ).    Cette menace se manifeste par un sentiment de mauvaise conscience : certains actes ou sentiments envers l’objet aimé font que celui-ci s’oppose ou s’éloigne.  L’ individu ressent alors de la mauvaise conscience et il identifie ces comportements comme étant mauvais. Le seul fait de les envisager, même sans les exécuter,  provoque déjà le signal d’alarme.
Résumons :  la conscience morale a pour origine la crainte de la perte d’amour et l’identification de certains comportements comme bons ou mauvais, avec leur corollaire de culpabilité et de punition.
L’autorité du surmoi est de plus en plus tyrannique, à mesure que la conscience lui obéit.
Non seulement des individus, mais des peuples entiers se punissent à cause des exigences de leur conscience morale. Les malheurs qui leur arrivent sont vus comme des autopunitions. En réponse, ils s’imposent alors de plus en plus de sévérités et de sacrifices.  (56 ).
Freud cite comme exemple le Peuple juif  (57 ).  Dans l’ancien Israël, Dieu est vu comme le substitut du père autoritaire et culpabilisant.  Les premières culpabilisations, l’enfant les rencontre en effet auprès de ses éducateurs. La peur de l’autorité parentale et la peur des reproches de la conscience finissent par se recouvrir :  la conscience morale « prolonge la sévérité de l’autorité supérieure »  (58 ).  C’est elle qui  conduit à renoncer à telle ou telle pulsion naturelle.
Mais le sentiment de culpabilité perdure même après le renoncement, car on ne sait jamais si on n’est finalement pas coupable de quelque chose :  la crainte de perdre l’amour et d’être puni ne s’est pas dissipée ; elle se manifeste par  « un malheur intérieur permanent, une conscience d’être coupable ».  (59 ).   Ceci est, chez Freud, d’une importance capitale.
En résumé :  la peur de perdre l’amour est la cause du renoncement pulsionnel. Plus tard, elle devient conscience morale.  Ensuite, c’est le renoncement  qui renforce la conscience morale.
« Chaque renoncement pulsionnel devient désormais une source dynamique de la conscience morale, et augmente sa sévérité et son intolérance »  (60 ).
Ainsi, l’agression du surmoi contre le moi est d’autant plus forte que le renoncement à la pulsion est important. Et c’est justement ce qui développe chez l’enfant une forte pression d’agressivité.  Mais l’enfant est forcé de renoncer à la pulsion ainsi qu’à sa réaction d’agression. Il est donc doublement frustré.
Mais si la sévérité est une méthode d’éducation pathogène, le laxisme l’est aussi, car c’est alors l’enfant lui-même qui va endosser le rôle du parent sévère qu’il n’a pas eu, et va se punir lui-même.
Ici, Freud fait intervenir le complexe d’Œdipe :  « On ne peut ignorer l’hypothèse selon laquelle le sentiment de culpabilité de l’humanité est issu du complexe d’Œdipe et fut acquis au moment du meurtre du père par l’union des frères » (61 ).    L’ambivalence des sentiments fait que le meurtre du père était  provoqué par un sentiment à la fois de haine et d’amour.  Ce côté inconscient d’amour filial a suscité ensuite du remords et un sentiment de culpabilité, déclenchant alors tout un processus d’autopunition.
Ce qui s’est passé pour la famille originelle s’est étendu à la collectivité et a créé une conscience morale collective :  peur de perdre l’amour, sentiment de culpabilité et autopunition.  Autrement dit:  tout le processus de la culture.
 
Le chapitre huit est consacré  à  l’incompatibilité de l’éthique   avec le bonheur humain.
Freud reprend en résumé toute son argumentation précédente et en déduit que le mal-être, la névrose, cherchent à remplacer les désirs inassouvis par des substitutions, et à oublier la culpabilité par la fuite.  La culture s’édifie, justement, sur ces  palliatifs et ces  évitements.   (62 ) 
Ces fuites ou substitutions ont ceci de  pathologique, c’est qu’elles peuvent devenir  des auto­ –flagellations et de véritable calvaires,  dont le malade attend un sentiment de pardon et de rédemption.
La culture résultant de ces  palliatifs  devient alors une planche de salut,  « une nécessité vitale pour  la personne comme pour l’humanité »  (63 ).
Mais là où  se glisse de nouveau  l’ agent pathogène, c’est quand le développement culturel de l’individu et celui de la collectivité entrent en conflit.  L’individu recherche égoïstement son bonheur, alors que la culture cherche à réaliser une société large et altruiste. Son idéal est sans cesse entravé par le repli égocentrique de l’individu.  La culture et la communauté obligent, par leur morale collective,  la personne individuelle à  se dépasser : elles prennent la forme de son surmoi.  Ceci n’est pas toujours accepté ; un caractère faible se soumettra aux exigences de la collectivité ; un caractère fort se révoltera.
Ce sont ceux qui se révoltent, qui deviennent souvent  des images de référence :  après avoir été, même durant toute leur vie, incompris et rejetés, ils  sont reconnus un jour comme des  points de ralliement  pour la communauté. Freud cite ici particulièrement le cas de Jésus-Christ.
La limite que l’individu ne peut supporter, c’est l’atteinte à son bonheur ;  la collectivité et ses lois entravent son rêve d’être heureux.  Elles se préoccupent trop peu de la personne et de ses désirs, ne demandent même pas si les lois  morales sont observables. Par exemple, la loi d’amour du prochain fera sombrer tous les scrupuleux dans la culpabilité et la désespérance, car, comme nous l’avons vu plus haut, ce commandement est irréalisable. L’individu n’en tire ni avantage ni récompense, au contraire : il n’arrête pas de culpabiliser parce qu’il ne peut pas l’appliquer.
 
En conclusion, on peut dire que certaines cultures  (64)  sont  devenues non seulement sources de névroses, mais sont elles-mêmes malades.  Freud pense même que l’humanité toute entière est devenue malade sous la pression des exigences de la culture.  Or, le critère permettant de  distinguer une collectivité malade d’une collectivité saine nous fait défaut.  Notre auteur voudrait entreprendre l’analyse des pathologies des communautés culturelles  (65 ).
Ainsi, les  efforts que fait la culture n’en valent pas la peine, car le résultat ne pourrait être qu’un état forcément insupportable à l’individu.
« La question où se joue le destin de l’espèce humaine me paraît être la suivante :  son développement culturel réussira-t-il, et dans quelle mesure, à se rendre maître des perturbations de la vie en commun, causées par la pulsion d’agression et d’auto-anéantissement ? (…) Les hommes ont porté si loin leur domination des forces de la nature, qu’avec leur concours, il leur est facile de s’anéantir mutuellement jusqu’au dernier.  Ils le savent, d’où leur inquiétude actuelle, leur malheur, leur angoisse »  (66 ).   
 
La solution, pour Freud, serait que la pulsion de vie et d’amour s’oppose de façon magistrale à cette pulsion de mort, et finisse par en triompher.  C’était aussi la solution pour Jésus, dirons-nous.  Mais justement, il semble que ce ne sera jamais la solution, puisque Freud a bien démontré qu’elle est irréalisable.
 
D.V. 
N  O  T  E  S
 
(  1  )     Les chapitres 1 et 5 ont été publiés séparément :  fin 1929 pour le ch. 1, et début 1930 pour le ch. 5.
 
(  2  )     Romain Rolland :   Ecrivain français, prix Nobel de Littérature en 1915, Romain Rolland est né à Clamecy le 29 janvier 1866, et mort à Vézelay le 30 décembre 1944.    Passionné également d’art et de musique,  d’humanisme et de non-violence,  inspiré par la philosophie de l’Inde, il milite pour le pacifisme pendant la première guerre mondiale.   Admiratif de Tolstoï,  « il espérait voir un monde nouveau se construire en Union soviétique » (Wikipédia).  Il était professeur de lettres aux lycées Henri IV et Louis-le-Grand,  et professeur de musique à la Sorbonne.  Parmi ses œuvres :  le roman Jean-Christophe, en dix volumes  (1904-1912) ;  des drames historiques comme Saint-Louis,  1897 ;  Les Loups, 1898 ; Danton, 1899 ;  La Vie de Tolstoï, 1911 ;  le Journal des années de guerre  (1914-1919) édité par Albin Michel, 1952 ;  la Correspondance avec Sigmund Freud et Romain Rolland  (1923 – 1936) éditée aux Presses Universitaires de France,  1993 .  Romain Rolland était le grand ami et correspondant de l’écrivain autrichien Stefan Zweig  (1881 – 1942).
 
(  3  )     Le Malaise dans la Culture,  op.cit. p. 74.
 
(  4  )     p. 77.
 
(  5  )     p. 84.
 
(  6  )     p. 84.
 
(  7  )     On peut transposer cette théorie au désir de protection par le groupe, la société, l’Etat. Ces collectivités endossent alors le rôle du père tutélaire. Ce désir, exacerbé de nos jours, témoigne, dans la logique de Freud, d’un infantilisme important et croissant des populations. Et la question peut se poser s’il est volontairement entretenu.  Ndlr.
 
(  8  )    Le mot   religion   vient du latin religere : ce qui relie, au père ou à la mère : le cordon ombilical.  Ndlr.
 
(  9  )     p. 88.
 
( 10 )     A la question du catéchisme :  « Pourquoi sommes-nous sur terre ? », le croyant répond :  « Pour honorer Dieu et le servir ».
 
( 11 )     p. 89.
 
( 12 )     p. 96.
 
( 13 )     p. 97.
 
( 14 )     Il rejoint, en fait, la passion que l’on peut avoir pour une activité.  Ndlr.
 
( 15 )     p. 98.
 
( 16 )     p. 99.
 
( 17 )     Freud n’explique pas ici quel aspect  peut prendre la névrose, qui peut être psychique, comportementale et même organique.  Ndlr.
 
( 18 )     p. 101.
 
( 19 )     p. 106.  C’est un témoignage personnel. La pensée freudienne en général est d’un pessimisme total et annonce l’Existentialisme athée.  Ndlr.
 
( 20 )     p. 107.  L’Avenir d’une Illusion, éd. Flammarion, 2011,  p.  8O :  « La culture humaine – j’entends tout ce en quoi la vie humaine s’est élevée au-dessus de ses conditions animales et s’est distinguée de la vie des bêtes,  et je dédaigne de séparer culture et civilisation  -  offre  deux faces : elle embrasse d’un côté tout le savoir et le pouvoir  que les hommes ont acquis pour dominer les forces de la nature et en retenir les biens nécessaires à la satisfaction des besoins humains ;  de l’autre, tous les dispositifs nécessaires au règlement des relations des hommes entre eux, et en particulier la répartition des biens accessibles ».
 
( 21 )     p. 110.
 
( 22 )     p. 110.
 
( 23 )      p. 111.
 
( 24 )     p. 113.
 
( 25 )     p. 114
 
( 26 )     p. 117. 
 
( 27 )     p. 117.
 
( 28 )     p. 120.
 
( 29 )     p. 122.
 
( 30 )    Ce faisant, Freud fait reposer l’amour sur  la dignité ou le mérite, alors que chacun sait qu’il est aveugle.  Ndlr.
 
( 31 )     Eros :  l’amour charnel.  Agapè :  l’amitié.  Philia :  l’amour filial.
 
( 32 )    p. 124..  
 
( 33 )     Nous essayerons plus tard de définir l’image qu’avait Freud de la femme. Il  a consacré une étude particulière sur l’affectivité féminine en 1931  (S. Freud : Œuvres complètes,  traduites de l’allemand,  vol.XIX,  Presses Universitaires de France, 2010).   Une émission de France Inter du 25 septembre 2019,  avoue que   « Freud reconnaîtra à la fin de sa vie, que le féminin était resté pour lui un continent noir, une énigme »  (Cité sur internet). Sans vraiment connaître la nature féminine, il semble qu’une pierre essentielle manque à la construction de la pensée freudienne. Nous reparlerons des études qui ont paru  sur ce sujet. Ndlr.
 
( 34 )     p. 124.
 
( 35 )     p. 124.  La pulsion d’inceste est l’une des trois principales pulsions humaines, avec le meurtre et le cannibalisme.  Elles se trouvent toutes trois déjà dans le petit enfant.  Voir :  Propos sur la Guerre et sur la Mort,  La Voix… n° 39, mai 2022, note 37;  et : L’Avenir d’une Illusion, op.cit. p. 88.
 
( 36 )     L’idéal du mariage catholique a pesé, on le devine, sur toutes ces règlementations. Il est resté fidèle à lui-même en dépit de l’évolution des mentalités et de la société.  Freud ne le précise pas ici.  Ndlr.
 
( 37 )     p. 125.
 
( 38 )     p. 125.
 
( 39 )     Ersätze.  p. 128.
 
( 40 )    L’Histoire humaine montre bien, en effet, que les civilisations ont toujours commencé à sombrer avec le relâchement des  mœurs.  Ndlr.
 
( 41  )     p. 130.
 
( 42 )     La question de la sincérité envers soi-même,  du dévoilement de l’hypocrisie, est le fondement de la pensée freudienne et de la psychanalyse.
 
( 43 )     p. 131.
 
( 44 )     Heinrich Heine :  Gedanken und Einfâlle.   Juif de naissance, passé au protestantisme par intérêt,  Christian Johann Heinrich Heine est né le 13 décembre 1797 à Dusseldorf, et mort le 17 février 1856 à Paris. Il a continué à subir des vexations et discriminations à cause de sa religion d’origine, même après son baptême clandestin en 1825, notamment de la part du poète August von Platen. Heine a fini par regretter sa démarche : « Je n’ai eu, depuis, que du malheur ».  Il faut retenir parmi ses nombreuses œuvres :  le Recueil de 33 poèmes (dont la Lorelei)  (1824),  le Livre des Chants  (1827),  les Pensées nocturnes  (1843) où il exprime, résidant à Paris,  une douloureuse nostalgie de sa patrie, et les  Dernières poésies et pensées  (1869).
 
( 45 )     p. 136-137.
 
( 46 )     p. 132.
 
( 47 )     p  133.
 
( 48 )     p. 137.
 
( 49 )     p. 138.
 
( 50 )     p. 140.  L’étymologie de „libido“:  en latin, le désir, le souhait, la nostalgie.
 
( 51 )     p. 180.
 
( 52 )     Ce sera, selon Freud, le „surmoi“,  le gendarme qui régit la personnalité.
 
( 53 )     p. 145.
 
( 54 )     p. 146.
 
( 55 )     p. 149.
 
( 56 )     Un processus semblable de cause à effet, peut s’observer en ce moment en Europe. Après trois ans de pandémie, qui apparaît à certains comme un châtiment, le subconscient collectif est probablement persuadé de s’être rendu coupable de quelque chose.  Il  essaie  à présent de se racheter,  par une solidarité  exacerbée envers un pays attaqué, ce qui coûte aux nations occidentales  leurs moyens d’existence.  Ndlr.
 
( 57 )     p. 152.
 
( 58 )     p. 152.
 
( 59 )     p. 153.
 
( 60 )     p. 154
 
( 61 )     p. 157.  C’est l’argument de départ de Totem et Tabou.  Ndlr.
 
( 62 )     C’est, par exemple,  le refuge dans le travail et le surmenage, la fuite dans l’anorexie ou son contraire,  dans la maladie organique,  un accident inconsciemment provoqué,  une  manie,  une dépression ;  également le refuge dans la spiritualité et la mystique, ou encore dans la foule et les distractions ; la fuite dans les voyages , les drogues et même la mort volontaire ou inconsciemment volontaire ;  le besoin, aussi, de se perdre dans une cause humanitaire,  question que nous avions déjà posée dans  l’un des trois séminaires sur Albert Schweitzer, où nous avons essayé d’analyser « ce que ce brave Albert avait donc inconsciemment à expier,  quel était son remords d’enfance enfoui ? » pour qu’il se torture toute sa vie de façon aussi masochiste ? (Séminaire du 3 août 2019, sur les Sermons d’ A. Schweitzer.  Voir  La Voix… n° 17,  août 2020,  p. 2).
C’est Albert Schweitzer qui  donne au défaitisme de  Freud  la réponse d’avenir :   Oui,  la civilisation peut être sauvée,  et elle peut l’être par le respect de la Vie    Ehrfurcht vor dem Leben »).
 
( 63 )    p. 168.  Remarquons qu’il n’y aurait pas besoin de ce remède, s’il n’y avait pas de maladie. La culture est donc un remède artificiel  à une maladie qui n’est pas naturelle.  Ndlr.
 
( 64 )     Tout dépend de leur degré  d’évolution.
 
( 65 )     p. 174.
 
( 66 )     p. 176.       
 
L A    P H R A S E    D U    M O I S : 
 
« Le développement de la culture doit être qualifié sans détour de combat vital de
l’espèce  humaine ».
 
                                                                                    Sigmund Freud.
                                               (Le Malaise dans la Culture,  éd. Flammarion, 2010,  p. 146 )
  
 
                                                                           Château d’Argent :   transmettre le savoir.
                                                                                www. museechateaudargent.com
 
 La Voix dans le Désert.  Mensuel gratuit du Château d’Argent.
Directrice de publication :  Danielle Vincent.
Editions du Château d’Argent,  185 rue de Lattre de Tassigny, 68160 Ste Marie-aux-Mines.
Mise en page et impression :  ZAPA Informatique.
ISSN :  2650 – 67225.
Dépôt légal :   2e trimestre 2022.
 
RECAPITULATIF
 
des  sujets traités dans  La Voix dans le Désert :
 
 
N°    1  ­-  avril          2019        Georges Wodli, résistant alsacien.
        2  -  mai              ‘           Joseph Rossé et les Editions Alsatia.
        3  -  juin              ‘           Une école alternative à Niedernai.
        4  -  juillet           ‘           La spiritualité de l’Inde.
        5  -  août             ‘            Bûcherons et débardeurs africains au siècle dernier.
        6  -  septembre    ‘            Le livret militaire de Marcel  N. tué à la bataille de Koursk.
        7  -  octobre        ‘            Un instituteur alsacien   pendant la guerre d’Algérie.
        8  -  novembre    ‘            Le Fédéralisme.
        9  -  décembre    ‘            Le patrimoine industriel de l’Alsace.
      10  -  janvier      2020        Mein Kampf :  I, 10  et  II,15. Traduction et commentaire.
      11  -  février         ‘            Mein Kampf:   I, 2    et  I, 7             ‘                     ‘
      12  -  mars            ‘            Jean-Paul Sartre:  Réflexions sur la Question juive.
      13  -  avril            ‘            Simone de Beauvoir : Le Deuxième sexe.
      14  -  mai             ‘            Jean-Paul Sartre :  L’Etre et le Néant.
      15  -  juin             ‘            Jean-Paul Sartre :  La Liberté.
      16  -  Juillet         ‘            Albert Schweitzer :   Ehrfurcht vor dem Leben.
      17  -  Août           ‘            Albert Schweitzer:    Sermons. La révolution des mentalités.
      18  -  Septembre  ‘            La scierie Vincent :  Une jeune Dame de cent ans.
      19  -  Octobre      ‘            La scierie Vincent :  Les machines  (I).
      20  -  Novembre  ‘            La scierie Vincent :  Les machines  (II).
      Numéro spécial   ‘            Assassinats à Paris. (20 octobre 2020).
      21  -  Décembre  ‘            Une belle histoire d’amour : Lénine et Nadejda Kroupskaïa.
      22, 23, 24  -  Janvier, Février, Mars 2021 :      Joseph Rossé, Journal de mon exil. 
                                                                       Traduction intégrale et commentaire.
      25  à  36   -   Avril 2021  à  Février  2022 :     Abbé Lucien Jenn :  Journal d’un prêtre
                                                                       alsacien au Struthof français, 1945.
                                                                       Traduction intégrale et commentaire.
      Numéro  spécial :            L’Avocat du Diable   (14 octobre 2021).                                                            
     37  -  Mars  2022 :           Abbé Lucien Jenn au Struthof français :  que conclure ?
     38  -  Avril     ‘                 L’Ukraine : un pays très convoité.
     39  -  Mai       ‘                 Sigmund Freud :   Propos d’actualité sur la guerre et sur la mort (1915).
     40  -  Juin      ‘                  Sigmund Freud :   Le malaise dans la Culture  (1929-1930).
 
     A paraître en juillet 2022 :   Sigmund Freud :   L’Avenir d’une illusion  (1927). 
 
                                                  °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°