Avril 2018 - Réflexions bibliques
Château d’Argent
Formations continues: Avril 2018
Réflexions bibliques
Evangile de St Jean, chapitres 19 – 2O:
Il avait fallu descendre Jésus de la croix prématurément, parce que la Pâques juive commençait à la tombée du jour, ce vendredi.
Mais en descendant Jésus de la croix, Joseph d’Arimathée et Nicodème remarquent que Jésus n’est pas mort. Le soldat à la lance avait raté son coup.
Ils font comme si de rien n était et transportent le moribond dans la grotte servant de tombeau.
Ils ne disent rien à personne et, parmi les linges et les aromates qu’ils amènent au tombeau, se trouvent des pommades et des pansements. Ils s’occupent du corps ; personne d’autre ne pénètre dans cette grotte, surtout pas les femmes : ce n’est pas leur place. Donc ni elles, ni les disciples ne savent rien.
Pendant la nuit, Joseph et Nicodème reviennent. Ils disent au soldat de garde qu’ils ont oublié des choses, ou simplement le mettent K.O.
Ils se chargent de Jésus et l’emportent chez Joseph, à la maison. Là on le cache et on le soigne sérieusement. Jésus, qui est encore jeune, se remet de ses graves blessures.
C’est alors, quelques temps après, qu’il se montre à ses disciples, avec la marque de ses plaies. Il disparaît ensuite. Qu’est-il devenu ? Il a pu rejoindre un monastère essénien et y rester jusqu’à la persécution de l’an 68. Et se fondre ensuite parmi la diaspora des moines rescapés. En continuant à étudier et à écrire. Car c’est ce qu’ils faisaient tous, ces érudits esséniens.
Dans le monde rationnel, certes, cette hypothèse est celle qu’on pourrait retenir.
Il y a, dans les Evangiles, comme dans toute la Bible, la réalité historique et les arrangements. Le théologien allemand Rudolf Bultmann parle du « Jésus de l’histoire » et du « Christ de la foi ». D’après lui et les théologiens de l’Ecole de Tübingen, le Christ de la foi appartient à la mythologie chrétienne.
On peut, certes, appeler « mythologie » l’ordre de choses auquel renvoie le message de Jésus et celui des Evangélistes à sa suite. Cette autre tessiture est celle dont parle le Christ dans la Prière sacerdotale : « Ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde » ( Jn 17/16). C’est, pourrait-on dire, un champ d’ondes, un univers parallèle, qu’on peut appeler « le ciel », auquel les générations passées étaient très sensibles, mais qui est mis en doute aujourd’hui, où matérialité et vérité scientifique sont souveraines.
Pourtant, comme disait Shakespeare :
« Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, que ne peuvent rêver les philosophes »
(Hamlet, I, 5).
Dans cet autre univers, le mythe ou la légende deviennent vérité, et sont même plus vrais que la raison. Edmond Rostand, dans le poème final de l’Aiglon, l’exprime ainsi :
« Ce n’est pas toujours la légende qui ment,
Un rêve est parfois moins trompeur qu’un document ».
Les Evangiles, et l’Eglise se sont ouverts à cette autre dimension, la dimension du mystère et du sacré.
Les scènes qui ont lieu après la mise au tombeau, sont toutes voilées de ce mystère sacré.
Voici, au matin de Pâques, Marie de Magdala qui pleure devant le tombeau vide. Jésus se tient derrière elle et l’appelle. Il l’appelle d’un autre monde qui, à cet instant, se mêle à la réalité. Elle l’entend et le voit, mais ne peut pas le toucher. Ce jardin devient le nouvel Eden, et le couple qui est là est régénéré. Il a transcendé la matière. Cela se passe devant un tombeau vide, parce que la vie traverse la mort et va au-delà.
Voici les apparitions au bord du lac, l’entretien avec Pierre, et avec Thomas qui, cette fois, touche ce corps appartenant aux deux dimensions. Il pourrait s’écrier : « Ah, c’est toi ! Mais tu viens de chez Joseph ? Il t’a soigné, tu n’étais pas mort ! ». Au lieu de cela, en cet homme, Thomas reconnaît son Seigneur et son Dieu.
Il est remarquable que la préoccupation majeure du Ressuscité est le témoignage, le « kérygme », le message. Il envoie Marie de Magdala annoncer la grande nouvelle, et envoie les disciples continuer son œuvre. Ce n’est pas la vérité historique qui compte, mais c’est le message véhiculé par le récit.
Il y a une réalité plus vraie que la réalité scientifique. Un jour, on ne sait pas, la science pourra la découvrir ou au moins la soupçonner. Les miracles de Jésus, le mystère de la dernière Cène, la Résurrection, l’Ascension, sa présence jusqu’à la fin du monde, appartiennent à cette réalité-là.
Les premiers chrétiens en avaient le sentiment profond, et sont morts pour elle.
Danielle Vincent.
Pâques 2O18.
Il faut dire la vérité aux enfants, sur les mystères de la vie, et sur les mystères de la Foi.
Dire la vérité, pas seulement aux enfants.
D.V.
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