Journal novembre 2021
L A V O I X D A N S L E D E S E R T
Mensuel du Château d’Argent - N° 33 - Novembre 2021
LUCIEN JENN
Curé de Bischoffsheim
LE JOURNAL D’UN PRETRE ALSACIEN EN CAMP DE CONCENTRATION.
LE CAMP DE CONCENTRATION SCHIRMECK – STRUTHOF
PENDANT LA PERIODE FRANCAISE
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Première traduction intégrale, publication avec introduction et notes, par DanielleVINCENT.
- VIII -
(Suite de La Voix dans le Désert, n° 25, avril 2021; n°26, mai 2021 ; n° 27, juin 2021 ; n°28, juillet 2021 ; n° 29, août 2021 ; n° 30, septembre 2021 ; n° 31, octobre 2021 ; n° 32, numéro spécial).
Parmi les 19.200 détenus au Struthof français, en septembre 1945 (22.9.45), il y avait aussi des femmes et des enfants, des malades, des invalides et des mourants. La présence de l’Eglise dans ce camp, était comme le sang dans les veines : la vie et la seule espérance. Mais l’abbé Jenn, lui, est mis partout de côté ; il n’a plus le droit de lire la messe car il avait prêché en allemand. Il supplie l’aumônier du camp d’intercéder auprès des autorités pour pouvoir, de nouveau, exercer son sacerdoce (30.9.45). Le commandant du camp veut même gifler le pasteur, parce qu’il est son ami ; on fait passer l’abbé Jenn pour un nazi, et c’est le pasteur Neumann qui prend sa défense (25/9/45). Jenn avait été l’objet de dénonciations malveillantes, la fameuse délation de l’épuration, un phénomène qui se renouvelle pour le corps sacerdotal, dans un autre domaine, à l’heure où nous publions ce journal. Notre auteur cite les articles canoniques qui devraient servir à défendre les prêtres victimes de délations malveillantes. Mais ces articles ne lui seront pas appliqués. Une fois de plus, et là aussi tombent des illusions, l’abbé déplore la méconnaissance qu’a l’évêque de sa situation, sa superficialité et son indifférence (20.9I.45, par exemple). En attendant, frappé d’ostracisme, il apporte aux détenus son aide spirituelle et chante à la chorale. Il lit beaucoup et cite des extraits importants de ses lectures, qui deviennent autant de documents sous nos yeux, permettant une autre vision de cette histoire. On apprend, et c’est stupéfiant, que les Etats-Unis avaient demandé à la France d’incorporer d’anciens SS dans son armée, et que la police du Struthof français était constituée de détenus ayant appartenu aux Sturmstaffel. On reçoit aussi des informations intéressantes sur la reconstruction de l’Allemagne et celle de l’Europe après la guerre, sur l’attitude contradictoire des grandes nations en présence (23/9/45) ; également sur les découvertes archéologiques récentes. Voici l’abbé artiste, enseignant, passionné de science et de littérature, mais préoccupé surtout de dire la vérité, face au « pharisaïsme politique » et aux clichés en train de s’élaborer, et qui auront la vie dure (28.9.45 par exemple).
A la suite d’une bévue du commandant du camp, que ce dernier cherche à dissimuler, l’abbé Jenn doit quitter le Struthof et retourner au camp de Schirmeck, où il souffre de la faim, de la vermine et des rats (25,28,30/9/45)
17.9.45 (suite). Les baraquements sont toujours condamnés. Par le plus beau temps, nous devons croupir dans nos « sous-marins ». Tous, nous attendons que ce jour soit le dernier de notre peine.
Monsieur Boissenin était de nouveau là aujourd’hui. On disait hier que le (nouveau) préfet viendrait visiter le camp. (La radio du Struthof n’a toujours pas arrêté ses diableries). Est-ce que cette information, qui est censée émaner du PC est aussi un mauvais tour ? Elle prétend que « jusqu’au 1er octobre, le camp sera déblayé ».
Aujourd’hui ce sont 83 personnes, malades et invalides compris, qui ont quitté le camp. Les chefs de districts (1) et d’autres « dangereux compagnons » ont été placés aujourd’hui en baraque VIII ; elle a été entourée d’une clôture spéciale en grillage.
18.9.45 Chez nous à la maison, c’est la fête de l’Adoration perpétuelle. Pendant la messe et aussi au cours de la nuit et les heures d’insomnie, j’ai pensé en prière à ma paroisse si proche et pourtant si lointaine. Le St Paul de Holtzner (2) a été ma lecture du matin. Des extraits entiers des épîtres de l’Apôtre des Païens peuvent être appliqués à nous autres, prisonniers. Heureux celui qui endure son sort comme St Paul a enduré le sien.
Cet après-midi, à 2 heures, enterrement d’un Hollandais qui, sur son lit de mort, n’a rien voulu savoir d’une conversion, malgré la visite renouvelée du père. Le Père Fl. n’a pas lu de messe aujourd’hui. Je crois que cette expérience l’a beaucoup affecté et profondément abattu. Nous ne savons pas ce qui s’est produit dans l’âme du moribond. Dieu seul le sait. Qu’il ait pu offrir au défunt sa lumière et sa paix éternelles ! (3)
Les baraques sont toujours fermées et dehors, il fait beau comme en été. Combien de temps encore ?
La réponse d’en-haut est : jusqu’à nouvel ordre. Pourquoi ? Personne ne peut répondre. C’est comme si on voulait provoquer une révolte et un soulèvement contre un traitement aussi dur et nocif pour la santé.
- Des pages manquent ici –
« Qu’ils crèvent dans les baraques ! » a répondu le lieutenant, quand on lui a demandé de lever la clôture.
Des détenus qui devaient travailler en forêt, ont rapporté des champignons. Ils les découpent pour les mettre dans la soupe, ou les mangent avec du pain. Cette course aux champignons réveille ma nostalgie des prés et des forêts où, il y a seulement un an, j’avais récolté et rapporté à la maison un abondant butin de champignons.
Le propriétaire d’une maison d’édition (… manque) a commencé hier soir (lacune…) à s’entretenir avec moi. Pour lui, les belles citations bibliques ne sont que des mots en l’air. J’ai pu lui venir en aide. Je lui ai lu quelques extraits de l’Ecriture trouvés dans le magnifique ouvrage de Selmayer (4) Trost der Weisheit. Il m’a parlé du bonheur qu’il ressentait dans la nature. Je lui ai répondu : « Ce sentiment de bonheur en contemplant la création de Dieu est bon, toutefois il ne faut pas rester attaché à la créature, mais s’élever vers le créateur ». - « La forme que prend la religion ne me plaît pas ». J’ai rétorqué qu’il faut aller de la forme au contenu, de l’écorce au noyau. La religion n’est pas seulement un vague sentiment de bonheur; elle est aussi connaissance de vérités, pratique du bien ; elle est avant tout une vie, une vie en Dieu, c’est pourquoi le Christ dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».
En recherchant une authentique vie religieuse, il oublie surtout de mentionner quelque chose : le péché. Celui qui fait cela pratique la politique de l’autruche, et cherche à éviter ce que Schiller (5) mentionne dans deux vers :
« La vie n’est pas le plus grand des trésors,
Mais le plus grand des malheurs est la culpabilité ».
La radio du Struthof va maintenant trop loin. Elle annonce à l’instant que l’Amérique a demandé à la France d’incorporer les Waffen SS dans l’armée française. C’est la raison pour laquelle le corps de police de notre camp a été formé de détenus qui, sous le régime allemand, avaient appartenu à la SS.
A 2 heures, enterrement du Hollandais Gerhard Morsink, 73 ans. Lorsque nous, cinq choristes, avons passé la porte du camp, on nous a crié du bureau : « Commencez de suite à chanter ! » J’ai répondu : « Pas nous, nous allons à l’enterrement ». C’est ce qui manquait encore !
Enfin, une parole belle et sensée à notre intention, émanant des milieux ecclésiastiques (28/11/45) (6) « Nos très chers frères, les cardinaux et archevêques de France, réunis en leur assemblée annuelle, vous adressent un ardent appel à la réconciliation nationale. Ils veulent vous préciser aujourd’hui les conditions de ce grand rassemblement de tous les Français et vous exposer les principes qui dominent les problèmes essentiels de l’heure présente. Ces principes sont d’inspiration et de fin strictement morales et spirituelles et ne visent qu’à réaliser un état de justice, de santé morale, de liberté et de progrès humain ; ils sont étrangers à toute politique de parti.
1 – Les conditions de la Réconciliation nationale : un même amour de la patrie. Tous portent au cœur un même amour de la France. Ne permettons plus qu’après son calvaire des cinq dernières années, elle ait encore la douleur de voir ses fils se déchirer entre eux. Chassons définitivement l’esprit de délation, de suspicion et de vengeance. Il n’est pas de chez nous. Cessons les accusations exagérées et injustes contre nos frères. Soyons unanimes à réprouver les meurtres de Français commis par d’autres Français. Abandonnons à la justice de l’Etat les malheureux dont le crime de trahison volontaire est juridiquement prouvé. Mais soyons convaincus que l’ensemble des Français a voulu servir sa patrie et lui demeurer fidèle.
2 – Le respect de l’autorité de l’Etat. En second lieu, il importe de restaurer dans les esprits le sens de l’autorité de l’Etat. L’Eglise enseigne que l’Etat possède une autorité souveraine dans sa sphère et dans l’exercice de sa mission propre. L’Eglise demande que cette autorité de l’Etat soit pleinement reconnue et obéie ; elle fait de la soumission au pouvoir établi une vertu morale qui relève de la justice. Obéir aux lois justes de l’Etat est se conformer à la volonté même de Dieu L’Eglise entend respecter l’autonomie de l’Etat dans l’exercice de ses fonctions ; elle s’interdit toute immixion (sic) dans ce domaine politique. De son côté, dans les limites de ses attributions temporelles, l’Etat doit également se soustraire à toutes les forces visibles ou occultes qui ont toujours tendance à le mettre sous tutelle et à lui faire servir des coalitions d’intérêts particuliers.
3 – La justice. S’il est une fonction qui appartienne à l’Etat et qui garantisse le respect de son autorité, c’est bien celle d’exercer la justice. Que l’Etat ait seul le pouvoir d’arrêter les citoyens et de les faire juger par des magistrats qualifiés, compétents et consciencieux. Pas d’arrestations arbitraires par des particuliers ou des groupes sans mandat ! Que la justice soit prompte ! Pas d’internements prolongés pendant des mois, sans qu’on connaisse le véritable motif ! Que la justice soit libre ! Pas de pression sur les juges par des menaces individuelles ou collectives. Que la justice soit vraie ! Qu’elle frappe ceux dont la culpabilité, définie par les lois, est régulièrement démontrée ! Le délit d’opinion dans un peuple libre ne doit pas exister. Que la justice soit équitable, proportionnant le châtiment à la faute ! Il serait même désirable qu’elle fût bienfaisante et cherchait à améliorer le coupable. Que la justice soit humaine et, même dans un être tombé, qu’elle respecte toujours la personne humaine, en excluant dans les prisons les sévices, les violences et les souffrances excessives ! Et par là nous en viendrons enfin au régime d’une justice vraiment française.
Rapports entre l’Eglise et la société civile – A l’heure où toutes les énergies doivent être tendues vers le relèvement de la patrie, l’Eglise souhaite ardemment que prennent fin les querelles religieuses, qui ont trop longtemps déchiré le pays. Elle n’exige de l’Etat que le respect de son indépendance et la possibilité de remplir efficacement toute sa mission spirituelle et sociale.
Le problème scolaire. Nous attendons de l’Etat qu’une solution de justice soit apportée au problème de l’école. Nous désirons ardemment la paix scolaire, indispensable au bien du pays et à l’unité nationale. Nous demandons que la liberté de l’enseignement inscrite dans les lois républicaines, soit effectivement assurée comme elle l’est déjà dans tous les autres pays démocratiques.
Cette liberté, nous la demandons au nom des droits les plus sacrés des familles. Les parents sont les premiers responsables de la formation de leurs enfants, ils ont le droit imprescriptible de choisir, sans pression d’aucune sorte, l’école où ils pourront leur faire donner l’enseignement et l’éducation, inséparables l’un de l’autre. Mais cette liberté d’enseignement ne doit pas être le privilège de l’argent, elle doit être assurée à tous, y compris les familles des milieux populaires ; on ne comprendrait donc pas que les parents soient contraints de s’imposer une double contribution parce qu’ils veulent accomplir leur devoir. Nous la demandons au nom des droits de la personne humaine et de ses libertés essentielles, la liberté de l‘enseignement n’étant que le corollaire naturel et la condition pratique de la liberté de conscience et de pensée. Nous la demandons au nom de la vraie mission de l’Etat. Le sens même de cette guerre et de notre victoire est la condamnation de l’état totalitaire… Que chacune des différentes familles spirituelles de la nation apporte à l’unité nationale, qui doit être une plénitude, non un étouffement, les richesses propres de son patrimoine moral et culturel.
Le problème social… Avec les Papes, nous condamnons dans le régime capitaliste le primat de l’argent, selon un système qui fait passer la recherche du profit et du rendement avant le souci de la personne humaine des ouvriers… L’auguste pontife… n’a cessé de faire entendre, au-dessus de la mêlée sanglante des peuples, la voix du droit, de la vérité et de l’amour ».
(7) Ce sont là des règles d’or pour notre quotidien. Malheureusement, elles ont été très peu observées dans les derniers mois. On peut bien dire que le paganisme était la règle.
Supplément (8) : L’auteur du livre : J’étais aumônier à Fresnes, Jean Popot, écrit à la page 118 :
« Le lendemain, le 28 février, les évêques à leur tour, adressent à la nation française et au gouvernement, ce ferme et émouvant appel… Ni l’une ni l’autre (Protestation du 17.11.45 du Conseil de l’Ordre des avocats) de ces protestations ne furent suivies d’effet…ni même d’écho. La seconde, complètement négligée par l’ensemble de la presse, fut sans doute imprimée – mais en quelle place ? – par un ou deux quotidiens. Ce fut tout.
La troisième protestation, au contraire, se répandit très vite à travers le pays. Elle émanait de la chaire de Notre-Dame et fut lancée le dimanche des Rameaux 1945 par le R.P.Panici, s.j., prédicateur de Carême depuis cinq ans, et qui n’avait pas craint de provoquer plusieurs fois les foudres et la censure des Allemands.
Le Père s’écria :
‘Nous attendons notre libération et quelle joie l’accompagne ! Nous attendions avec non moins de ferveur notre libération des procédés allemands. Malgré les protestations de la presse nouvelle, malgré les efforts des hautes autorités, notre joie d’être délivrés des Allemands fut vite en partie gâtée par l’évidence que nous restons loin d’être affranchis en entier des cruautés à l’allemande. Que de preuves de l’empoisonnement de certains Français par les pires des toxines ‘.
Puis, après l’énumération de tous les abus d’une justice hâtive et arbitraire, vient une péroraison que nous aurions bien voulu ne pas reconnaître aujourd’hui aussi prophétique :
‘Avez-vous réfléchi à l’avenir qu’appellent sur nous, messieurs, ce développement de la violence, cette éducation à la cruauté… Si nous ne devenons pas plus humains, ce qui nous attend, ne sont-ce pas des années d’assassinat, de torture et de haine, un climat où tout homme se sentira à tout moment le dégoût de vivre ?
Ce qui nous attend, n’est-ce pas un appauvrissement sans nom par tant de carnages, alors que la France n’aurait pas trop de tous ses enfants pour recomposer sa substance ? N’est-ce pas un avenir compromis ? ‘
Quel résultat obtint cette courageuse apostrophe ? Dès le lendemain, le cardinal Suhard (9) se voyait prévenu que le R.P. Panici était menacé d’arrestation. Enfin, ce dernier, privé de micro, préféra se retirer, la France avait besoin d’entendre de grandes voix lui parler de Dieu. Un autre Jésuite le remplaça l’an suivant : le R.P.Piquet, qui revenait de déportation (10)
En octobre, le Conseil de l’Ordre des Avocats revint à la charge en se plaignant que le gouvernement n’eût donné aucune satisfaction à ses vœux.
Le 28 novembre 1945, l’épiscopat de France réitère lui-aussi, de façon beaucoup plus précise, ses plaintes contre une juridiction qui déchirait la France. Pas plus que le précédent, cet appel d’une percutante brièveté, ne fut entendu. Relégué dans un coin par quelques quotidiens, il échappa à la plupart des intéressés pourtant innombrables (cf. l’abbé Desgranges : Les crimes masqués du Résistantialisme ) :
‘L’œuvre des Cours de justice s’est révélée dans l’ensemble néfaste. Composition du jury, excitation du dehors, presse à sens unique, information donnée contre les règles par des cabinets ministériels, parfois par le parquet lui-même, etc… » (11)
Extrait de l’allocution de Son Excellence l’Evêque de Strasbourg, Mgr Ruch, le 17 avril, lors du Te Deum solennel à la suite de la libération définitive de Strasbourg et de l’Alsace, en présence du Général Delattre de Tassigny, commandant en chef de la 1ère Armée française (12) :
« (…) cet amour (de la mère patrie) suscitait partout des maquis, des bataillons d’héroïques résistants (…). Certes, il ne pouvait qu’être votre allié, ce Christ dont nos adversaires – ils l’ont même annoncé - voulaient détruire la religion, pour substituer à sa doctrine de charité celle de la force et de la haine, je ne sais quel antique paganisme germain (…) O Jésus (…) dans notre Alsace, si fidèle à vous, on a contraint toute notre jeunesse à subir un tel enseignement ; - puisqu’on vous avait chassé de ce temple (…) que nos armées vous ont rendu… »
Lettre pastorale de Son Excellence Mgr l’Evêque de Strasbourg au Clergé et aux Fidèles du Diocèse. Thème : Alsaciens, fraternisons !
« La France nous apparaît comme le peuple de la générosité, du bon cœur, de l’esprit chevaleresque , le monde où on aime le mieux d’aimer (…). L’évangile (…) invite (…) à ne pas abandonner les prisonniers (…). La parabole du Bon samaritain nous prouve combien cette charité chrétienne doit être universelle, prévenante, empressée, douce, active, habile, oublieuse de ses propres besoins et persévérante (…). Fraternisons (…), ce mot veut-il simplement dire (…) offrir au prochain qui souffre notre sympathie, pleurer avec ceux qui pleurent… ? C’est plus encore… Pie XI (…) l’homme est antérieur à l’Etat, et la société domestique a, sur la société civile, une priorité logique, une priorité réelle (…) (13) Alsaciens non sinistrés, vous viendrez au secours des Alsaciens sinistrés (…) en présence d’un de nos semblables qui se trouverait in rebus extremis, dans une détresse extrême. Sans violer la loi naturelle, ni le Décalogue, il pourrait alors, dans la mesure où c’est indispensable, s’approprier ou du moins employer le temps nécessaire, ce qui nous appartient et dont nous n’aurions pas nous-mêmes un égal besoin. Tel est l’enseignement des moralistes catholiques (Léon XIII) (…) (14). Il est une règle d’or que vous n’ignorez pas, le divin Jésus l’a proposée à tous ses disciples : ce que vous désirez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux » (25 avril 1945. Ch.Jos.Eug. Evêque de Strasbourg).
(15) De la brochure : Missions militaires pour les affaires allemandes, AMFA, Bulletin d’information n° 8, je prends cet extrait (16) :
« p. 36. – La légende de Schlageter - Schlageter n’est en réalité un deutscher Freiheitsheld (17) : un héros de la liberté) que dans une légende intéressée, que les milieux hitlériens ont répandue en Allemagne et à l’étranger. Schlageter fit partie des bandes qui, sous le nom de Corps francs (résistants !? sic ) essayèrent de se maintenir dans les régions baltiques en 1919, puis tinrent campagne en 1922 en Haute Silésie contre les Polonais. En 1922, il entrait au Parti national-socialiste. Vint l’occupation de la Ruhr en 1923, par les Français et les Belges. Au temps de la résistance passive, avec le consentement tacite ou avoué du gouvernement allemand, des bandes organisées (résistants !? sic ) cherchèrent à couper les communications des Alliés et à gêner leurs transports. Elles s’attaquèrent surtout aux trains de ravitaillement et aux trains militaires où des civils français et allemands étaient du reste admis. Plusieurs attentats à la bombe causèrent des victimes, non seulement parmi les militaires français, mais aussi parmi la population utilisant ces trains. L’aventurier Schlageter qui, après la Silésie, était venu dans la Ruhr apporter ses talents de terroriste, fut arrêté à la suite d’un de ces attentats, sur la dénonciation d’un Allemand (collaborateur !? sic ). Convaincu de meurtre et de sabotage, jugé par un conseil de guerre, il fut condamné à mort dans des conditions parfaitement légales ( ! Sic ) au point de vue du droit international (Et les résistants du Struthof ? sic ).
Le gouvernement français hésita du reste à laisser appliquer la sentence. Ce ne fut que deux mois plus tard ( ! sic ) pour faire un exemple, et en raison des attentats qui continuaient, que Schlageter fut fusillé, le 26 mai 1923 à la Goldsheimer Heide, près de Dusseldorf. Du témoignage d’officiers français ayant assisté à l’instruction et au procès, il résulte que Schlageter n’eut aucunement une attitude héroïque ( ? sic ) , il tint au contraire une conduite assez lamentable, dénonçant tous ses complices ( ? sic ) et avouant avoir agi à l’instigation des milieux officiels allemands. Le national-socialisme en a fait une grande figure patriotique allemande. Un Schlageter National Denkmal a été érigé en 1931 à l’endroit où il a été fusillé. Sur son tombeau, à Schoenau (Bade) a été élevé un autre monument national. Enfin, Schlageter est le héros d’une tragédie de H.Johst (1933). Il serait facile de trouver dans l’histoire d’Allemagne de plus pures figures que celle de l’aventurier Schlageter ».
(18) Qu’on me pardonne, mais je ne vois pas de différence, ou alors à peine, entre le « maquis » et les « bataillons résistants » d’une part, et les « corps francs » et « bandes organisées » (avec le consentement du gouvernement allemand) , convaincues de meurtre et de sabotage, d’autre part. Quand deux font la même chose, ce n’est apparemment pas toujours la même chose.
« Alsace, dois-tu être toujours un pays frontière ?
Là-bas, l’Allemagne, ici, la France, entre les deux, le Rhin.
Tu donnes des fils à chacune, tout ton sang,
Et tu demeures, pourtant, car ta semence est bonne.
C’est pourquoi, Alsace, reste saine et forte,
Car chacun puise dans ta moelle.
Mais laisse à chacun sa foi, sans représailles,
N’aie de haine pour aucun ; laisse dormir les morts.
…
J’ai abjuré l’Allemagne,
Et tu as choisi la France.
Or, nous avons une patrie – notre pays d’Alsace,
C’est pourquoi, toi et moi réunis – donne-moi la main,
Nous voulons construire sur nos terres, et les ensemencer,
Et regarder avec foi et force vers l’avenir.
Nous voulons communier dans l’amour de l’Alsace,
Et alors la patrie nous restera à jamais. »
(Vers de l’artiste et poétesses Hilde Lenhart (de Saverne), internée ici.
Extrait du « Règlement disciplinaire des camps d’internement d’Esterwegen, (1.IV.1934)
(19) . Les peines du Bunker sont énumérées ici dans les moindres détails et ne sont pas laissées à la discrétion du commandant (comme chez nous…).
(20) « 1 – Sera puni de 8 jours d’arrêts de rigueur et de 25 coups de bâton, au début et à la fin de la peine :
2 - Tout détenu faisant fonction d’adjudant, de chef d’escouade ou de contre maître qui (…) fera sur eux (internés) des faux rapports ou les brimera d’une manière quelconque (…) sera puni de 42 jours d’arrêts de rigueur ou de cellule permanente (…).
3 - Tout détenu qui aura fait à un ecclésiastique des déclarations en-dehors du cadre de la confession, lui aura remis pour transmission des lettres ou des communications, ou chercher à obtenir le concours de cet ecclésiastique à des fins illicites.
Comme peines accessoires, sont prévus : la pelote, les coups, la suppression du courrier, la suppression de nourriture, de la paillasse ( ! sic ), la mise au poteau, l’avertissement, la réprimande.
Règlement particulier : Formalités d’écrou (extraits) :
Règlement particulier : Formalités d’écrou (extraits) :
(…) vêtements civils (…) et les objets personnels sont retenus au détenu lors de l’arrivée et gardés sous inventaire personnel de l‘administration. Tout nouvel arrivé aura les cheveux coupés à ras (…). Il est interdit de se coucher pendant le jour sans autorisation spéciale (…) ; le linge et les habits seront nettoyés à la lingerie. Tous les détenus sans exception sont astreints aux travaux manuels. Il ne sera tenu aucun compte du rang social, de la profession ou de l’origine (…).
Sur autorisation du commandant, et si les besoins du camp le nécessitent, des heures supplémentaires ou des corvées du dimanche ou des jours fériés seront exigées. Une ration supplémentaire pourra être fournie aux travailleurs, après accord du commandant. Le commandant du camp est seul qualifié pour prononcer des sanctions (prison, observation, réprimande).
Chaque interné pourra expédier à sa famille, ou en recevoir, deux lettres ou cartes postales par mois. Les internés peuvent recevoir deux paquets de linge par mois. Il est interdit d’insérer dans les colis des vivres, des boissons alcooliques, du tabac, des brochures ou des journaux marxistes, juifs ou centristes, des plaques photographiques, des outils et des couteaux. Tout objet prohibé sera saisi. Les colis qui quittent le camp ne doivent contenir que du linge. Les détenus sont autorisés à recevoir un quotidien allemand (…). La bibliothèque est à la disposition de tous les internés (…). Les internés sont autorisés à présenter des requêtes ou des réclamations. Le commandant du camp décide en dernier ressort. Les détenus qui demanderont le ‘ rapport’ se présenteront d’abord au chef de compagnie. Il sera permis dans certains cas de s’adresser directement au commandant du camp ».
P. 53 : « Les tortures dans les camps de concentration allemands » :
« Dans la plupart des camps, le détenu subissait une première correction d’incorporation (Einführungshiebe, sic ) administrée sur la ‘ sellette’( Bock, sic). Deux SS, l’un à gauche du patient, l’autre à droite, le flagellaient d’un fouet solide, tressé fréquemment de lanières métalliques. Le patient devait souvent compter lui-même à haute voix le nombre de coups reçus. Habituellement, en cours de torture, l’exactitude du décompte était mise en doute ; tout était alors à recommencer. Immédiatement après la torture, le patient ensanglanté était astreint à des exercices de génuflexion qui se prolongeaient des heures durant (cf. Ruhr Zeitung du 19 mai 1945) ».
P. 63 : « Les Britanniques préférèrent l’internationalisation de toute l’Allemagne occidentale, plutôt que de voir la France dominer la Rhénanie. En raison du secret maintenu par les Russes, on ne sait pas très bien ce qui se passe dans leur zone… » (21) :
« Asseoir la paix de demain sur de nouveaux avertissements (…) serait préparer à l’Europe de cruels lendemains » (p. 69).(22)
20.9.45 La clôture de la baraque est levée !! En Alsace, les vendanges. De la pluie le matin et du soleil l’après-midi.
Dans le bréviaire (Januarius), il est mentionné, au Responsorium de la 1ère Nocturne :
1- Amaverunt Christum in vita sua.
2- Imitati sunt eum in morte sua.
3-Et ideo coronas triumphales meruerunt.
Ceci résonne comme un programme.
P.Fleischmann me racontait hier, que, lorsqu’on priait Son excellence l’évêque Ruch d’intervenir en faveur des prêtres détenus, il répondait : « Qu’ils fassent pénitence, s’ils ont fauté » (Fraternisons ?)
Tous les détenus ont attendu, de la bouche du grand pasteur une parole d’exhortation à la paix et à la charité. Mais ce fut en vain ! De mortuis nihil nisi bene. On peut alors comprendre l’hostilité générale des détenus à son égard. « Qu’ils fassent pénitence ! » Les prêtres à l’autel prient quotidiennement : « Pro omnibus negligentiis meis », « Pour tous mes manquements ». Cette méconnaissance de notre situation, cette indifférence de l’évêque n’était-elle pas un de ces manquements ?
Le surveillant, l’adjudant Kopf (ancien SS), et l’adjudant Bechthold (un chef de la Hitlerjugend et chef de corps à Rothau) (23) sont à la rue du Fil. Ils ont été coffrés à cause des traitements cruels dont ils s’étaient rendus coupables ici. (Il s’agit peut-être du cas Wehrl de Marlenheim, qui a été tellement malmené, que le médecin a dû lui coudre une lèvre. Il était avec moi au Bunker).
Le journal Honneur et Patrie (14.9.45) a, paraît-il, fait état voici deux ou trois jours, dans un assez long article, de la situation honteuse sous le régime Rohfritsch. Divers cas scabreux y sont racontés, comme celui où de Baulin chante devant un cochon auquel on fait la toilette avec une brosse à dents ou le sort des 4OO détenus de la Meinau, accueillis sous un arc de triomphe, et persiflés, dont on a de suite rasé la tête et qu’on a laissé marcher en chantant des chants nazis. Le soleil met tout cela en lumière, entendons par là ceux qui ont été libérés du camp. Aujourd’hui de nouveau 36 détenus ont pu quitter le camp. Le beau temps nous inciterait, si nous pouvions, à faire les vendanges chez le détenu Duffner de Rosheim. Malheureusement, ça ne va pas. Mais nous prenons patience, comme Saint Eustache, dont il est dit aujourd’hui dans le bréviaire : « Quia acceptus eras Deo, necesse fuit ut tentatio probaret te » (24).
Quelle était ma position, c’est mon directeur d’école, Mayer, qui le sait le mieux. Il était nazi à cent pour cent. C’est ce que prouve un témoignage (qu’il a donné, ndlr ) à des délégués badois (bien d’autres preuves vont encore se trouver dans ce journal).
Dans Le Nouvel Alsacien du 11 septembre 1945, on peut lire :
« Extrait du témoignage du directeur d’école Adolf Mayer, délégué badois, au sujet de l’orientation politique des habitants de Bischoffsheim :
‘D’après ce que j’ai pu observer, 9O % de la population d’ici ne croient pas à une victoire allemande, ni ne l’espèrent. Ceci particulièrement depuis l’intervention américaine. Leur comportement est en conséquence. Les organisations national-socialistes se trouvent en majeure partie seulement sur le papier ; j’ai même entendu des membres de la SA (25) et même de la NSKK (26) dire ‘salut !’ (27). Une très petite partie salue le bras levé. Personne ne dit plus ‘Heil Hitler’, à part les écoliers – et ceux-ci non plus, depuis quinze jours. La paroisse joue le jeu très chrétiennement ; Monsieur le curé s’est, paraît-il, opposé à ce qu’on éloigne la croix de l’image du Führer, et au fait d’avoir interprété l’Ancien Testament comme une histoire juive ; c’est ce que m’ont prouvé des remarques faites par des clients, au restaurant. Le cours donné sur la prière dite ‘de quarante heures’, doit y avoir aussi contribué. Dans la rue, on répond à la salutation ‘Heil Hitler’ tout au plus par ‘bonjour’. Les jeunes, à partir de seize ans, sont à 8O% de cœur avec la France. Dans l’admission aux ‘Associations de Jeunesse’ (28), en particulier dans la Hitlerjugend, on remarque avec évidence une résistance passive des parents. A la radio, et particulièrement aux informations, les discours du Führer ne sont que partiellement écoutés. » Signé : Mayer, directeur d’école.
Ce témoignage, Monsieur Mayer l’avait oublié dans le panier à papier, lors de son départ précipité ! (29)
Cet après-midi, j’ai commencé la lecture d’un livre dont l’histoire a été vécue avant d’avoir été écrite : Dix ans sous terre ; les recherches archéologiques d’un solitaire, de Norbert Casteret (F.A.Brockhaus, Leipzig 1936).
A la page 31, l’auteur parle des dessins et modelages d’animaux dans la grotte de Montespan (30) qui, d’après les estimations scientifiques, doivent avoir environ 20.000 ans (31) :
« Tous ces animaux sont dessinés avec art et réalisme, ce qu’on peut constater de la plupart des œuvres artistiques préhistoriques. Les artistes étaient d’extraordinaires peintres animaliers. Leur style est incomparable, inimitable, et on ne se fatigue pas de l’admirer ; on est frappé par certains détails et par les messages plus ou moins cachés de l’artiste. C’est ainsi qu’un cheval porte sur son cou une main gauche, profondément gravée, avec des doigts étendus et bouffis. Lors de l’esquisse d’un autre cheval, une arête de la paroi rocheuse est utilisée pour matérialiser la colonne vertébrale et une tête de chamois impressionnante est dessinée autour d’un galet rond, choisi dans le conglomérat de la paroi, pour matérialiser un œil. Deux têtes de cheval mises en face l’une de l’autre, se différencient de telle manière, que l’intention d’exposer deux races différentes ne fait aucun doute. L’un a une tête épaisse, des lèvres proéminentes, des naseaux grand ouverts, une crinière épaisse et des crins jusqu’aux naseaux ; l’autre, en revanche, a une tête fine et étroite, pas de toupet et une fine crinière. Plusieurs animaux ont des traces de plaies, de lances, et des marques non identifiables sur le corps : au cou d’un bison, on voit une trace ovale et un âne sauvage porte sur sa croupe un V latin aigu …
Parmi les nombreux vestiges de la préhistoire, il y a beaucoup de marques de mains et de pieds ; ce sont les plus impressionnantes. Je n’oublierai jamais la foison de pensées dans laquelle je plongeai en découvrant et en contemplant ces traces passionnantes, retrouvées intactes après vingt mille ans de solitude. Les fouilles et l’étude des dessins muraux et des sculptures de Montespan, révèlent que la grotte était un sanctuaire, une de ces grottes sacrées, dans lesquelles les sorciers des hordes chasseresses, à l’âge de bronze, accomplissaient des rites magiques… Nos artistes modernes n’accepteraient jamais de remplacer leurs crayons ou pinceaux un seul instant contre une pierre aiguisée, ou de peindre avec leur doigt trempé de peinture, ce qui occasionnerait des traits malencontreux. Ou des fautes de dessin ineffaçables. Et pourtant, c’est de cette façon que sont nées les oeuvres d’art préhistoriques que nous admirons.
Comment étaient outillés ces hommes qui, pendant encore plusieurs siècles, ne possédaient pas l’art du métal, de la couleur ni de la construction, et vivaient, semble-t-il, dans la plus profonde barbarie, possédant cependant un savoir-faire et une sensibilité artistique remarquables ? nous butons ici sur un problème des plus mystérieux et fascinants de la préhistoire.
Les hommes préhistoriques étaient sous-développés mais pas sauvages, car les peuples sauvages de nos jours ne ressemblent pas à des hommes préhistoriques sous-développés, mais à des incultes qui, contrairement à la plus grande partie des humains, sont étiolés (32)
… Les hommes préhistoriques étaient pacifiques dans leur vie matérielle et spirituelle, des millénaires auparavant, ( !! sic ) sinon ils ne seraient probablement jamais sortis de leur triste état.
C’est pourquoi nous devons, nous leurs héritiers et descendants, étudier la préhistoire de l’humanité avec fierté et reconnaissance, car elle avait, dans la lutte contre les forces hostiles de la nature, la tâche sacrée de gagner le titre de ‘seigneur de la création’ et de s’élever au-dessus d’elle-même. »
Mgr Ruch, au temps de son exil (33) s’était fait du souci pour ses prêtres bannis. Dans un écrit du 9 novembre 1943, de Trelissac Hospice Magni, il détaille : « Soyez bien remercié des nouvelles transmises sur l’Alsace, sur Strasbourg, sur Schirmeck ( ! sic ). On a perdu les traces de l’abbé Bornert (34) et il ne nous est pas possible de l’atteindre, de soulager (sic). Nous ne savons où il a été transféré. De même, nous ignorons où vient d’être transporté le diacre François Schwartz, incarcéré en juillet d’abord à Moulins ou à Compiègne, et nous ne pouvons plus rien pour lui. Notre installation pour le Grand Séminaire Universitaire à Royal vient d’être bousculée au moment de la rentrée. Comment iront les choses ? C’est le secret de Dieu. Je vous recommande cette bien-aimée jeunesse. Signé : Charles Ruch, é.S. »
Et quand je pense à ce qu’il a répondu concernant mon cas, récemment, après le compte-rendu du P.Fl., et ce qu’il a dit en 1920 : « Que la police sévisse contre lui », il faut que je constate que, dans sa charité, il a utilisé deux sortes de mesures.
C’est la politique qui en est la cause. J’accuse !
En effet, on m’avait reproché d’être neutraliste. A l’époque, j’avais été convoqué à l’Ordinariat épiscopal. J’ai pu produire deux documents prouvant clairement qu’il s’agissait là de mauvaises intrigues et d’une dénonciation humiliante. Lors de la dernière dénonciation, après laquelle je fus arrêté, on n’a plus procédé ainsi, bien que, le danger approchant, je me sois tourné épistolairement vers l’entourage de l’évêque, demandant que mon cas soit examiné, pour que j’obtienne le soutien nécessaire. Mais : silence sur tous les fronts ! Je n’ai obtenu aucune réponse. J’ai dû poursuivre mon chemin de croix, abandonné de tous. Que dit le Droit canonique ? Comment se situe-t-il face aux plaintes qui sont portées contre les prêtres ? (35) :
« Can. 1937 : Celui qui soupçonne un prêtre de manquement doit soumettre au juge d’instruction ecclésiastique les pièces justificatives susceptibles d’accréditer la faute – ad eiusdem delicti probationem .
Can. 1938 : S’il s’agit d’une injustice ou d’une grave diffamation atteignant le prêtre, particulièrement quand il se trouve dans l’exercice de son sacerdoce et dans sa dignité, une enquête juridique officielle peut être ordonnée, sans même qu’il y ait une dénonciation préalable (par. 1, Canon 1938).
Can. 1939 : Avant qu’un prêtre ne puisse être sommé de s’expliquer, il faut qu’une enquête spéciale soit entreprise, afin de déterminer ‘an et quo fundamento innitatur imputatio’, si et comment le soupçon est fondé.
Can. 1942 §1 : Il appartient au sage jugement de l’Ordinariat, de déterminer le moment où les preuves en présence peuvent être considérées comme suffisantes pour entreprendre une action en justice.
Can. 1942 §2 : Ne doivent absolument pas être prises en considération les dénonciations émanant d’un ennemi connu ou d’un ignoble individu et de bas étage – ‘denuntiationes quae ab inimico manifesto aut ab homine vili et indigno proveniunt’ – ou qui sont faites anonymement… ».
Si l’on avait procédé ainsi, on aurait pu éviter beaucoup de mal ! Mais aucun de ces paragraphes du Droit canon n’a été appliqué dans mon cas.
21.9.45 Demain après-midi, le commandant remplaçant, le lieutenant Becker, va visiter les baraques. M.Rohfritsch part pour quelques jours de congé. Aujourd’hui, environ 27 prisonniers vont être libérés.
Les scènes qui se sont reproduites à l’identique ces derniers temps contre les soi-disant coopérateurs, sont décrites dans le livre des Actes 19/29-40.
Les gens d’Eglise ont été victimes d’une suggestion de masse, dont l’histoire humaine est si riche. Paul l’a expérimenté plus d’une fois et devra encore en faire l’expérience à Jérusalem. Démetrius avertit que « par de tels procédés, comme nous en avons fait l’expérience « aujourd’hui, l’honneur, la réputation et les droits de l’Etat sont mis en danger ».
La vie des Saints est incontestablement tissée de tragédie. Elle doit « remplir toute vie qui veut être grande et significative. Jamais l’être humain ne parle ou n’écrit mieux et de plus belle façon, que lorsqu’il est agité d’une grande passion, et que son âme se déploie dans la joie et l’amour » (p. 32, mais de qui ?)
Les persécutés de l’après-guerre n’ont jamais ou rarement trouvé un texte officiel qui ait su ou seulement essayé – d’apaiser les masses en soulèvement, mues par une colère aveugle. Ce qui faisait aussi défaut, était la possibilité de se référer à une autorité puissante et capable de remettre de l’ordre. Une telle autorité manquait alors totalement.
22.9.45 Ce matin, après la messe, contre toute attente et par l’intermédiaire de M.Wantz, j’ai réceptionné deux beaux paquets au nom du détenu Hirschberg Antoine, 1620, avec des pommes, du cacao, du gâteau, du fromage et des fruits secs. Ils sont arrivés juste au bon moment, car demain est un jour d’élections. Les Fifis sont partis voter dans leurs communes. Le camp est clôturé, la clôture électrifiée et, à la place du potage, il n’y aura, parait-il, que du pain.
Demain, le service religieux aura lieu dans la salle de séjour de la baraque XV. C’est la première fois qu’on fait cet essai. Je suis curieux de voir comment ça va se dérouler. On chantera : « Adoremus, O sacrum convivium, Gloire à Dieu (La première fois) et Saint ».
Comme M.Muller a pu l’annoncer, la radio nous a de nouveau donné du courage, en annonçant que « les internés français, contre lesquels il n’y a pas de procédure judiciaire, doivent être libérés du camp avant le 15 octobre… ».
La libération se ferait après un jugement de la Cour de justice ou sur décision préfectorale.
Demain matin, nous aurons le droit de dormir jusqu’à 7 h.
Dans la buanderie est marqué le nombre de détenus : il y en a 19.200.
23.9.45 Le service religieux dans la baraque XV a été une brillante réussite. La prédication, le chant, le recueillement des détenus dans ce local simple et pauvre, tout allait bien ensemble. C’était sûrement le service religieux le plus impressionnant que nous ayons vécu ici. Après la messe, un compte-rendu de l’année ecclésiale.
P.Fl. va accomplir son devoir électoral. Il va me faire parvenir un paquet pour M. le curé, à l’adresse de M.Otto Muller, chef de baraque XIV. P.Fl. restera à Strasbourg jusqu’au jeudi suivant. M.Rohfritsch a fait un reportage pour Radio Beromunster, qui a été écouté par le pasteur Neumann ; et voici les notes qu’il en a prises :
« Lui, le commandant, veut montrer comment un camp, sans horreurs ni oppression, peut être dirigé dans un sens vraiment démocratique. Il a pourvu à la cause de l’enseignement et de la religion. Les détenus avaient été des membres du Parti, des chefs de groupe, des responsables de chambres et de baraques !? Les enfants dans le camp n’ont rien à se reprocher. Lui, le commandant, se préoccupe du bien-être des enfants : ils vont en promenade tous les jours. Les prisonniers sont ici pour apprendre à oublier la système nazi. Les potences doivent leur rappeler tout ce qui s’est passé ici, et que les gens ne croient pas, ne veulent pas croire.
25. 000 auraient été tués ici, dont 10.000 brûlés au crématoire ( ? ) » (36).
D’ autres passages instructifs du livre de Norbert Casteret mentionné ci-dessus. Le dessin le plus saisissant d’un sorcier préhistorique a été découvert par le comte Begouen et ses trois fils, dans la grotte des Trois Frères de St.Girons (Ariège) (p. 71).
Le magicien, dont le corps est rituellement colorié de rouge et de noir, est dessiné nu et en train de danser, mais, comme l’écrit le compte Begouen : « Il porte aux mains des gants ayant la forme de pattes de lion munies de griffes acérées, et un masque avec une barbe de bison, un bec d’aigle, des yeux de hibou, des oreilles de loup et des bois de cerf ; dans son dos est attachée une queue de cheval. Avec ça, il pense s’être approprié toute la force magique des parties corporelles de chaque animal : le courage du lion, la vue perçante de l’aigle le jour, et du hibou la nuit, l’ouïe du loup, la résistance du bison, la rapidité du cerf et du cheval ».
Cet extrait me fait penser à une parole que j’ai lue dans le second livre Des Bienfaits de Sénèque (37) :
« Ils se plaignent que l’homme n’a pas la grosseur de l’éléphant, l’agilité du cerf, la légèreté de l’oiseau, la force redoutable des taureaux, de ce que la peau des buffles est plus épaisse que la nôtre, le poil du daim plus beau, celui de l’ours plus fourré, celui du castor plus fin, de ce que les chiens nous surpassent par la subtilité de leur odorat, les aigles par leur vue perçante, les corbeaux par leur longévité, une foule d’animaux par leur aptitude de nager… »
(38) :
Chez les Indiens du Nouveau Mexique, j’ai trouvé une coutume analogue. Lors de leurs danses tituelles, ils se parent de bois de cerf, de plumes d’aigle, de queues de skuns etc…
« (p. 71/72… par ses tours de magie et ses incantations, peintes sur le mur, il s’efforce de faire descendre la bénédiction des forces invisibles sur le groupe. Il prie à sa façon, pour que les siens soient protégés des lions, tigres et ours, et qu’ils ne manquent jamais de viande, de bisons, chevaux et de gibier, que les guerriers aient du succès dans leurs luttes et à la chasse.
La coutume de se couper les doigts est pratiquement répandue chez tous les hommes des bois . Ce sacrifice, disaient-ils, devait leur assurer une belle mort ; d’autres l’interprètent seulement comme le signe d’un esprit de caste.
Chez les Hottentos, le tranchage du petit doigt était censé délivrer de la maladie. Ce remède n’était utilisé que dans les années de jeunesse (p.73/74).
La vraie raison de ces mutilations, on ne la connaîtra sans doute jamais. Elles étaient des épreuves destinées à tester l’authenticité et la puissance des sentiments humains dans l’âge de pierre et le respect dû aux anciens ; le plus ancien culte et le plus connu est… (p.76).
Le bison des cavernes est aussi grand qu’un bœuf, mais son squelette semble fragile à côté du sien. Ses muscles devaient être puissants, si l’on en juge d’après les proportions de ses os ; ses canines étaient presque aussi grosses que des bananes. Sa taille adulte atteignait quasi 1,5 m de haut, pour une longueur de 3 mètres. Il avait certainement (39) une fourrure très épaisse, qui le faisait paraître encore plus grand (p. 82).
Les mammouths et les rhinocéros à fourrure laineuse sont les seuls fossiles dont on ait retrouvé les corps congelés et dans un parfait état de conservation, au point qu’on a même pu analyser le sang du mammouth, explorer au microscope la constitution des cellules et voir à l’intérieur de son estomac, qui pouvait contenir une énorme quantité de bourgeons de pin… Les Esquimaux qui, de tout temps et bien avant que la civilisation les ait connus et se fût employée à retrouver des cadavres de mammouths, les considéraient comme une aubaine, car ils en utilisaient la graisse et donnaient aux chiens la viande en nourriture. Et ainsi, combien de trésors paléontologiques ont dû être perdus pour la science ! Plus gourmands encore que les Esquimaux étaient les membres d’un congrès scientifique tenu en 1905 à St Petersbourg : ils ont eu l’idée, pour le banquet d’adieu, de consommer des steaks de mammouth congelé !...
Le savant français Boucher de Perthes avait prouvé, déjà en 1837, que l’homme était contemporain du mammouth. Depuis, de nombreuses découvertes ont apporté la preuve que l’homme vivait à la même époque que le mammouth… Le mammouth était le plus grand animal qui ait vécu ensemble avec l’homme… (p. 99).
On a trouvé de nombreuses représentations de ces animaux gravées sur des os, de l’ivoire ou des galets, ou même sculptées, dessinées et peintes… (p.100)
On peut dire, qu’outre le cheval et le renne, c’est le bison qui entretenait la vie des hommes primitifs, leur espoir et leur joie, et qui leur causait aussi du souci selon sa prolifération ; il était celui qui apportait l’aisance et le confort, et dont la pénurie était annonciatrice de froid mortel et de terrible famine (p. 104).
Chaque prêtre, qu’on l’ait appelé sorcier, chamane, magicien, devin, agyr, chaque prêtre de culte païen ou satanique, a, parmi ses nombreux atouts, le pouvoir et le devoir de frayer avec les esprits ou les divinités, et fondamentalement, de par son sacerdoce, de pourvoir au besoin essentiel de l’homme : la nourriture (p.105) ».
Qu’on me pardonne cette longue, trop longue citation. C’était dans un double but. Le premier est défini par une citation de Buffon dans le même livre (p. 73) : « Rassemblons des faits, pour avoir des idées ». Et le deuxième ? Il est donné par notre dialecticien mulhousien, August Lustig, dans son poème : La Puce. Je cite de mémoire :
« Une fois, les puces étaient rassemblées de nuit,
Dans un ruban de chaussette.
Et, ensemble, elles bavardaient et riaient,
Pour oublier la peine et le mal ».
Quand on peut se plonger dans un livre intéressant, d’un coup la dure réalité disparaît. On se trouve soudain dans un tout autre monde, la peine et le mal sont (presque) oubliés (40) .
« L’Editorial de la Weltwoche : La guerre contre l’Allemagne est terminée - observe le périodique - mais elle a fait place à la lutte pour l’Allemagne, et tout se passe aujourd’hui comme si le sort de l’Europe dépendait de cette lutte. A cette dernière, les Russes se sont préparés depuis longtemps… Les Russes ont réussi à entrer avec les Allemands, à Berlin en particulier, dans une collaboration dont les conséquences sont incommensurables. Tandis qu’ils font tout pour ramener la population à une vie normale et même agréable, les Anglo-Saxons, au contraire, redoublent de sévérité et font grand bruit autour des découvertes faites dans les camps de concentration… Nous sommes les derniers à prendre à la légère les atrocités qui ont été commises, et nous pensons que les coupables méritent la plus sévère des punitions. Mais nous croyons cependant que cette propagande ne sera guère profitable. Et il nous semble que, plutôt que s’attarder sur ces scènes de cruauté, il est infiniment plus important de se consacrer à la reconstruction d’un monde nouveau… Les Anglo-Saxons n’ont pas encore fourni un travail comparable à celui des Russes. Nous ne doutons nullement de la bonne volonté des Anglo-Saxons. Mais lorsqu’il s’agit de travail pratique, on perçoit des indices effarants. Un Goering est salué en camarade par un général américain et interviewé…par les journalistes.
Les Russes agissent tout autrement. Ils pendent et abattent des hommes de la Gestapo considérés comme criminels de guerre, tandis qu’ils promettent la paix au peuple allemand et qu’ils lui fournissent même des vivres. On établit une distinction très nette entre les nazis et les Allemands honnêtes… Nous savons que des objections peuvent être faites à cette politique des Russes. Certains moralistes prétendent qu’elle favorise un peuple coupable aux dépends des innocents… Nous ne partageons pas cette opinion, car nous croyons que le peuple allemand, si coupable qu’il puisse être, a déjà connu des souffrances infinies. La fleur de sa jeunesse est tombée, ses villes sont détruites, sa population est paralysée, il souffre de la faim, et ce qui l’attend pour l’hiver prochain sera pire encore.
Cependant, abstraction faite de toutes ces choses, il existe des considérations politiques réalistes, qui nous paraissent aujourd’hui déterminantes. Si l’on veut vraiment reconstruire l’Europe, on ne peut pas laisser en ruine la nation qui en est le cœur. Un cadavre au cœur de l’Europe signifie, en effet, un foyer d’infection susceptible de contaminer tôt ou tard les peuples voisins. Cela, les Russes semblent l’avoir reconnu les premiers et ils ont acquis ainsi un avantage initial dans la lutte pour l’Allemagne, qui deviendra bientôt une lutte décisive pour l’Europe…
On a dit que seul celui qui a su finalement gagner son ennemi à sa cause, peut vraiment prétendre qu’il a gagné la guerre. Aujourd’hui Américains et Anglais doivent connaître à tout prix une semblable réussite, s’ils ne veulent pas sortir battus de la lutte pour l’Europe. Il faut, pour cela, plus que la volonté d’établir l’ordre dans une région : il faut celle de créer un ordre nouveau dans le monde. Il faut une volonté qui ne craint pas les sacrifices et la générosité, et surtout qui a le courage de bâtir un monde nouveau selon des méthodes nouvelles » (cf Missions militaires pour les affaires allemandes - AMFA. Bulletin d’information n° 8, p.70/71).
25.9.45 Le lieutenant Pierelle (41) : « On vous a fait sortir de l’autre côté, vous vous installerez ici. Notez-vous bien : défense de fumer, défense de faire du feu…autrement 15 jours de Bunker ».
A 1h, voici le commandant : « Cherchez-moi les hommes de la corvée de hier » - « Ils ne sont pas ici, ils sont de nouveau en corvée (Kutter, Schmitt) ».
A moi : « Quel âge avez-vous ? » - « 61 ans, je suis de la catégorie 3. Vous m’avez fait travailler hier » (100 sacs de paille de la cabane de désinfection).
A Monsieur le Pasteur Neumann : « Je pourrais vous gifler, puisque vous avez laissé entrer Jenn dans votre chambre. Protégez-vous de son influence » - « Jenn n’est pas un nazi, tout au plus il est germanisant » - « Faites attention et protégez-vous ».
Pierelle revient au bout d’un moment : « Par ordre du commandant, vous devez faire du feu dans la salle de cinéma. Vous en êtes responsable. Dans une heure, tout doit être en ordre ».
Une heure plus tard, Pierelle et Bader sont arrivés pour la révision. Tout était en ordre.
La petite Inge Nolte est de nouveau ici. En rentrant à 4h30, Pierelle me dit ; « Venez à la baraque VIII » - « Est-ce une punition ? » - « Voulez-vous aller au Bunker ? »
Je déménageai donc de la baraque XIII et XV dans la baraque VIII des criminels, celle des Ortsgruppenleiter (42). Le commandant a dit à Baltzer : « Je ne veux pas que M.Jenn exerce de l’autorité dans le camp ».
24.9.45 (43) Kutter, Duffner, Schmitt et Sickinger sont avec moi. Le commandant vient, avec le lieutenant Becker, et demande : « Que faites-vous ici ? »
26.9.45 Ce matin, j’ai dû me présenter devant la barrière avec tout mon lourd paquetage – qui contient le coffre de peinture de mon frère. Je devrais être de nouveau transféré à Schirmeck. Le surveillant général Marchal de Livigny m’escortait, et quand il a remarqué que je croulais presque sous mon fardeau, il m’a aidé à porter ma charge. Cela démarra à 10h. Trempés de sueur, nous sommes arrivés tous deux à Schirmeck. Je demandai à mon escorteur, s’il m’autorisait à prendre un verre avec lui dans l’un des prochains bistrots, et il fut d’accord. Quel soulagement pour tous les deux ! Je donnai 200 F à mon « ange gardien » pour son service amical.
Le surveillant avait reçu pour moi un certificat médical, signé du médecin-chef, qui devait justifier mon transfert à Schirmeck. « A cause de mon âge, et parce que je ne supportais pas le climat du Struthof ». Je n’ai jamais été sérieusement malade. Il se cachait tout autre chose derrière ce transfert.
Le jour d’avant, le commandant m’avait fait enfermer dans la baraque clôturée d’un double grillage n° 8 , destinée aux anciens SS et Ortsgruppenleiter. Le commandant voulait ainsi me faire un nouvel affront. Je pense que le P.Fleith a relevé cette injustice. Pour effacer sa démarche injustifiée et ne pas devoir revenir en arrière, il avait inventé cette solution. Au camp de Schirmeck, lors de mon arrivée, M. Aufschneider – quel joli nom ! - était de fort mauvaise humeur. Tous les anciens Schirmeckois se réjouirent beaucoup du retour du « Fils prodigue » et, comme la dernière fois, ils ont dû constater que j’étais très amaigri. Longtemps, Hotz ne me reconnut pas quand je le revis. Je fis part de suite aux miens de mon changement de domicile. J’ai découvert avec frayeur que je devais avoir perdu une partie des feuillets de mon journal. Mais je les ai retrouvés avec joie dans ma serviette en cuir, où je les avais fourrés.
27.9.45 J’ai passé la première nuit dans la baraque 1. Je n’ai pas particulièrement bien dormi. Je devais me présenter aujourd’hui au médecin. Il a pensé que je devrai sans doute être renvoyé à la baraque sanitaire. Je n’ai pas pu prier mon bréviaire aujourd’hui, car j’ai dû
laisser celui du Père Fl. au Struthof. Je porte de nouveau l’uniforme des prisonniers de Schirmeck. C’était la troisième fois que j’étais livré au KZ de Schirmeck, un record que personne jusqu’à présent ne peut me disputer.
Il y a eu aujourd’hui 8 libérations. Le soir après l’appel, une nouvelle liste a encore été dressée. Un inspecteur de la Préfecture, dépêché ici d’urgence, devait constater :
1) Qui n’avait pas encore reçu de « tartine », une information de la Préfecture.
2) Qui a été arrêté par les FFI.
3) Et qui, par les Américains, par la gendarmerie ou la sécurité militaire.
4) Combien, après huit mois de détention, n’avaient pas encore reçu d’avis de la Cour de justice ou de la Chambre civique.
J’appartiens certainement à la dernière catégorie , peut-être aussi à la deuxième, car j’avais été cherché par les FFI, lesquels, il faut le dire, étaient accompagnés d’un lieutenant. On ne m’a pas présenté de mandat d’arrêt.
28.9.45 Affreux temps de pluie ! Holtzner, dans son livre sur St Paul relève, p.37, que « le caractère injuste d’une détention sans jugement… pesait lourdement sur lui (St Paul) ». Ce fut le cas pour d’innombrables personnes. Ce qui était grave, c’est qu’on ne remarquait pratiquement pas l’existence de l’Etat de droit français. D’après l’information du Bureau du Struthof, je passais pour malade et incapable de travailler. (44) « Transféré pour raison de santé » ! Suite à cette avis, aura-t-on maintenant des égards pour moi ? Ici, les puces me tourmentent de nouveau, alors que j’en avais été épargné au Struthof.
Hier après-midi, le nouvel aumônier du camp m’a rendu visite. M. l’abbé Stiehr, un descendant du célèbre facteur d’orgues alsacien
Stiehr a aussi construit l’orgue de Bischoffsheim. L’abbé Stier s’est entretenu un moment avec moi et m’a donné six morceaux de sucre. Comme on peut faire grand plaisir, ici, avec peu de choses !
L’aumônier a bonne presse dans le camp et recueille plus de sympathie que l’abbé Hahn et que le Père Fleith. Stier a été, semble-t-il, du temps allemand, enfermé plusieurs mois ici, au camp. De la sorte, il savait ce qui manquait aux détenus. Il veut me faire envoyer mon bréviaire par mon vicaire Oberlé. Il a rencontré le P.Fl. quand celui-ci est revenu de Strasbourg et lui a de suite appris mon éviction du Struthof.
Joseph Schneider, un détenu qui n’a plus qu’un bras, va et vient dans la salle à manger et attrape les mouches avec une petite pelle. Il est 11h1/2. J’ai continuellement faim. Quelque chose de chaud fait du bien par ce froid, même si c’est une soupe très mince à la farine.
La discipline n’est plus aussi sévère que dans le temps. On a l’impression que le camp a vécu le plus longtemps.
« Le régime d’internement administratif est abrogé ». Est-ce que c’est bien vrai ? Un petit entretien avec le berger Klein d’Oberseebach, au sujet d’une délicatesse : un agneau d’un an, salé pendant une semaine et ensuite fumé. Cela aussi, il faut le noter (45) .
Le pasteur Guggenbuhl a pu annoncer que le sieur commandant a de nouveau reçu plusieurs ordres de libération. La mienne sera-t-elle aussi du nombre ?
M. Isselé de Bischoffsheim vient de me dire, qu’ Alphonse Fischer (vulgo s’naesele) (46) et la femme atteinte d’un cancer, viennent de mourir. Il n’a rien dit de précis au sujet des élections municipales. M. Larrer ( ? sic ) de Mollkirch, a, paraît-il, réprimandé plusieurs ouvriers, parce qu’ils se moquaient des détenus et chicanaient ceux qui avaient été envoyés là-bas en service travaillé.
Hotz a lu ce soir un article qu’il avait trouvé dans un journal suisse. D’après lui, des médecins de Vienne auraient été invités par les Russes à un repas. Après quoi, visite d’un train de camp. Quand tous les docteurs y étaient montés, le train est parti. Ensuite, ils ont été « transbordés » dans un autre train, et conduits en Russie.
Les rats, la nuit, jouent ici une mauvaise partie. Ils emmènent des pantoufles pour faire un nid douillet à leurs petits. Ceci me rappelle une belle histoire. Un soldat romain avait informé Caton que les rats lui avaient rogné les bottes pendant la nuit et il demandait ce que cela pouvait avoir comme signification. Caton rassura le soldat superstitieux et répondit : « Il y aurait eu plutôt lieu de s’alarmer, si les bottes avaient mordu les rats ».
Le Nouveau Journal de Frey, écrit de façon percutante, le 28/9 :
« Pour la clarté et l’honnêteté en politique. Nous vivons depuis un bon moment dans, disons-le, l’inauthenticité. Tout le vacarme patriotique de gens qui, jusque-là, avaient adopté le point de vue contraire, le procès Pétain avec son incroyable évacuation du problème, la fameuse Epuration comme paravent pour l’exutoire de la vengeance politique et personnelle, bref, un pharisaïsme politique incompatible avec tout élément raisonnable. C’est bien là ce qui caractérise notre époque. Ainsi, il ne faut pas s’étonner que cet état de choses s’aggrave encore au temps des élections municipales ».
L’hypocrisie est caractérisée par le fait que les communistes mettent sur le même plan « ce qui est anticommuniste et ce qui est anti-français », et mettent en action tous les leviers pour le - de Gaulle – faire tomber, car ils veulent faire le ménage. Ils ne se trouvent pas sur la liste avec Michel Walter, alors que, depuis bien dix ans, deux socialistes étaient avec M. Walter, adjoints au maire de la ville de Strasbourg.
Sous le titre (47) : « Une étrange épuration – Rendez la paix à l’Alsace », voici ce qu’écrit Honneur et patrie, le 21/9 : « Le journaliste doit avoir le courage de dire toute la vérité. Quand, après 1918, M. Georges Clémenceau recommanda aux administrateurs envoyés en Alsace d’y faire aimer la France, c’était le bon sens même qui lui dictait cette sagesse. On n’en a malheureusement pas toujours tenu compte… Nous avons cru (…) qu’une grande vague d’amour rapprocherait tous les Français. Loin de là, nous enregistrons des sentiments de haine et de basse vengeance, les passions déchaînées jusqu’à la folie. Le vainqueur est plus fort et plus grand encore, s’il se montre magnanime et indulgent. La France souffre de sa dépopulation. Ce n’est pas penser à l’avenir du pays que de s’entre -déchirer. La haine n’a jamais été une bonne conseillère… La situation de l’Alsace pendant la guerre était complètement différente de celle du reste de la France. L’Alsace était traitée comme un pays allemand (…) Il est inadmissible d’affirmer que tous nos PGs (48) l’étaient uniquement parce qu’ils ont bien voulu l’être. C’est une erreur qui a déjà causé beaucoup de mal.
Mais ce qui est pire, c’est que l’épuration s’est basée chez nous sur cette erreur fondamentale : est boche et farouche propagandiste nazi chacun qui était PG et qui occupait une fonction dans l’organisation tentaculaire de nos oppresseurs… Nous ne voulons pas de ceux qui ont nui à autrui. Ce sont des malfaiteurs qui méritent une juste condamnation. Mais qu’on laisse tous les autres tranquilles !
Il n’y a pas d’autres crimes en Alsace que la dénonciation et la trahison… Qu’on ne fasse pas l’injure au bon sens de notre population de l’identifier avec quelques exaltés qui ont déchaîné une agitation malsaine, que réprouvent tous ceux qui ont, malgré tout, su garder leur sang-froid. Les injustices commises en leur nom empoisonnent aujourd’hui l’air. Sans eux, l’épuration (…) n’aurait jamais pris chez nous ce caractère de pharisaïsme intolérant que nous lui connaissons (…). Qu’on renvoie sans tarder à leurs foyers tous ceux qui n’ont pas dénoncé et qui n’ont fait de mal à personne. L’Alsace a grandement besoin de paix. André Valmont (Thomas Seltz) » .
(49) Dans un article du même numéro, il est écrit, sous le titre : « En finir avec le bal masqué » : « Celui qui voudrait arracher au bon plaisir d’un commandant de camp les pauvres et petites gens, les aveugles, paralysés, infirmes, vielles femmes, vieillards de 8O ans, oui, de petites larves, celui-là fait de la propagande anti-française. Celui qui se permet d’accorder une louange à des gens qui se comportent de façon humaine avec leurs inférieurs, fait lui-aussi –d’après l’Humanité – de la propagande anti-française. Celui, donc, qui essaie de prendre la défense de pauvres femmes et d’hommes qui, depuis presque 9 mois, sont derrière les barbelés, au Struthof ou à Schirmeck, et seulement parce qu’ils ont le malheur d’avoir été surpris par les Américains après le couvre-feu, alors qu’ils rentraient chez eux, ou tous ceux qui avaient négligé de se procurer les passeports nécessaires ou de les avoir sur eux, est taxé aujourd’hui d’agent secret des nazis…
Vous, lecteurs, quand vous rencontrez lors de votre promenade vers Schirmek, des prisonniers en veste vert foncé, sachez que vous n’avez pas forcément des traîtres ou des PG Bonzen (50) devant vous. Evitez donc de faire des remarques de ce genre (cf. Abbé Hett et le ‘long nez’), car plus d’un en serait blessé et sa souffrance encore accrue… Parmi eux, tant de nos pauvres enfants, peut-être deux mille, tendent leurs mains vers leurs père et mère. Qui sait comment beaucoup de ces plus pauvres quitteront un jour les affreux camps de Russie ? Tant d’entre eux sont morts sans qu’on le sache. Est-ce que ceux-là, peut-être, sont aussi les PG-Bonzen et les anti-français, parce qu’ils ont rejoint l’Armée rouge et sont à présent si honteusement récompensés pour leur patriotisme… A.L. » .
Il y a une lettre de Son exc. Monseigneur Ruch, dans le même numéro (51) :
« Trélissac – Dordogne, le 23 décembre 1943. Cher Monsieur (…), Prions pour tous ceux qui sont en péril, pour les âmes et les corps, pour quiconque est sur la croix (…). Monsieur Kolb va bien, Monsieuir Held s’est mis en lieu sûr… Ch. Ruch ».
(52)
Du dialecte en perdition ou des informations radiodiffusées en alsacien, il est dit : « Les informations en dialecte font que le dialecte et les informations sont tournés en dérision, et cela nuit plus qu’on ne croit à la cause française. Le ridicule tue (53) (et Mgr Hincky prêche à Colmar en alsacien ! ) Aussi, chez nous, en Alsace, où l’esprit est bien davantage français que notre langue, ce dialecte que nous, Alsaciens, aimons beaucoup, malgré tout. (Quand ces speakers pleins de bonne volonté pour produire ce nouvel idiome alsacien ouvrent le bec, j’éteins mon poste et j’économise ainsi du courant au bénéfice de la communauté.) Extrait d’une lettre à l’auteur de cet article… ».
(54) A la campagne, on m’a dit : « Les Strasbourgeois racontent un tas de bêtises. Le français, on ne le comprend pas assez et ce que disent les Strasbourgeois est bien trop prétentieux ». Il ne vient à l’idée de personne de taxer les Suisses, qui parlent donc aussi le dialecte, de nazis ou d’Allemands, quand ils donnent les informations. « C’est pourquoi, serre fort la main de chacun qui honore sa langue, dans le pays de son enfance ».
A l’instant, on a cherché à remplacer le Engel qui avait été limogé. On a essayé, auprès de l’adjudant Mura, de me mettre en avant. Résultat : un refus net, un non catégorique.
30.9.45 Dimanche. A 10 h ¼, service religieux catholique. Ont communié 20 hommes et 63 femmes. Depuis deux dimanches, un chœur d’hommes chante à quatre voix. Le chapelain du camp a lu le testament spirituel de l’évêque Ruch, en allemand et en français, et ensuite, exhortant à travailler pour l’avenir du pays, dans la justice et la charité, il a donné aux détenus l’espoir d’un prochain retour à la maison. La compréhension de l’homélie est parfois rendue difficile par un petit défaut d’élocution. Monsieur l’abbé Stiehr veut essayer de m’obtenir la permission de lire la messe. Ce dimanche-ci, le commandant n’a pas assisté au service religieux. Mais il était présent dimanche dernier, dans un but « d’édification » des détenus.
Hier, j’ai rencontré Huttard, le chauffeur de Biernel à Bischoffsheim (55) qui a fait décharger ici un wagon d’épinards et un camion de pommes. Il a annoncé l’élection de Jacquot Marinette et de Mademoiselle Haberer, ainsi que de Jacquot Edouard et Ried Marcel comme conseillers municipaux. Monsieur Jos. Geissel ne s’est pas présenté. Le « Charles Gust » n’est pas passé. Il semble qu’il s’agisse de son fils. Dans tout ce bazar électoral, régnait apparemment une grande confusion. J’ai prié M. Huttard, au cas où il reviendrait, de m’apporter un paquet.
Aujourd’hui, il y a eu des pommes de terre, des épinards, et du goulasch, et ce soir, du beurre rance, de la compote et du pain.
Le temps était beau, aujourd’hui, mais il ne faisait chaud qu’au soleil. Ce matin, j’ai rencontré Madame Isselé. Elle ne m’a pas reconnu. C’était sans doute à cause de ma maigreur. Cette nuit, on a attrapé devant mon baraquement une jeune ratte. (Les rats) se promenaient sur la figure de ceux qui dormaient dans les lits de dessous. Il y a encore des punaises en masse. Hier, j’en ai attrapé une dans mon lit. En général, elles me laissent assez en paix. J’ai vu tomber ces chères bestioles des autres sommiers métalliques, comme des noix pendant la récolte. On a trouvé dans la baraque et au-dehors, plusieurs rats qui avaient mangé du blé empoisonné.
Le dimanche des élections a été tranquille dans le camp, car on nous avait judicieusement retiré le droit de vote. Malgré tout, aucun Communiste n’a été pris au Conseil municipal. On souhaite que cette journée d’élections refuse aussi aux Communistes et particulièrement aux surveillants communistes le succès espéré.
Un détenu d’Andlau m’a dit, à l’instant : « Je veux me tenir un peu à l’écart pour prier le chapelet en toute tranquillité, afin que Monsieur Siegrist soit élu ». M. Meyer Georges d’Ostheim m’a ressemelé hier mes chaussures. Avec plaisir, il m’a appris que ses deux fils sont revenus sains et saufs de la guerre.
Un Agnus Dei, qui a maintenant été porté sur soi pendant trois guerres (1870, 1914, 1939), a conféré chaque fois une particulière protection. Il a confié ses enfants à la garde de la Mère de Dieu, et il fera aménager dans sa maison, en reconnaissance, une niche avec l’image de la Vierge et un ex-voto en latin. Je lui ai promis de l’aider, dans la réalisation de ce beau projet.
(La suite dans La Voix…n° 33, décembre 2021).
N O T E S :
( 1 ) « Ortsgruppenleiter » ;
( 2 ) Voir : La Voix… n° 27, note 1.
( 3 ) Le Droit canonique interdit à un prêtre de refuser l’absolution à un mourant, quel qu’il soit (canons 976, 980).
( 4 ) Selmayer : La consolation de la Sagesse.
( 5 ) Friedrich Schiller : Johann Christoph Friedrich Schiller né à Marsbach (Neckar) le 1O novembre 1759, mort à Weimar le 9 mai 18O5. Parmi ses grandes œuvres : Ode à la Joie, Die Bürgschaft, Don Carlos, Wallenstein Trilogie, Maria Stuart, Wilhelm Tell, Die Jungfrau von Orleans, Die Braut von Messina.
( 6 ) En français maintenant.
( 7 ) Fin de citation. En allemand, de nouveau).
( 8 ) En français.
( 9 ) Le Cardinal Suhard : Emmanuel Suhard, né le 5 avril 1874 à Brains sur Marches, mort à Paris le 30 mai 1949. Evêque de Bayeux et Lisieux (1928), archevêque de Reims (1930), cardinal (1935), archevêque de Paris à partir de 194O. Par souci de diplomatie il était plutôt enclin au Pétainisme. Il fonda à Lisieux la Mission de France, créa la Mission de Paris et prit part à l’initiative de soutien des prêtres ouvriers.
(10) Révérend Père Riquet : Michel Riquet, né le 8 septembre 1898 à Paris, mort le 5 mars 1993 à Paris également. Prêtre jésuite, théologien et prédicateur de renom, grand officier de la Légion d’Honneur, vice président de la Licra et président de plusieurs associations de déportés et d’anciens combattants. Engagé dans la Résistance (Réseaux Hector et Comète) et au groupe Combat, prêchant en l’église St Séverin à Paris, il est arrêté par la Gestapo en janvier 1944, et déporté à Mauthausen, puis à Dachau, où il se lie d’amitié avec des Juifs, des Communistes et des Francs-maçons. Après la guerre, il milite pour l’Amitié judéo-chrétienne et pour le dialogue avec les Francs-maçons et, en général, pour le dialogue interreligieux. De 1946 à 1955, il tient les conférences de Carême à Notre-Dame de Paris.
(11) En allemand maintenant.
(12) En français.
(13) Pape Pie XI : voir La Voix… n° 28, note 10.
(14) Pape Léon XIII : intronisé le 2O février 1878, mort le 20 juillet 1903. Ce grand pape a promulgué des encycliques célèbres sur les rapports de l’Eglise et de la société (28/12/1878 ; 29/6/1881 ; 1/11/1885), sur la liberté (20/6/1888) et sur l’unité de l’Eglise (Satis cognitum, 29/6/1896).
(15) En allemand de nouveau.
(16) Extrait en français.
(17) « Un héros de la liberté ».
(18) En allemand de nouveau.
(19) Le camp d’Esterwegen : Ce camps de concentration a été créé dans la région d’Ems (Rhénanie-Palatinat) en 1933, pour les opposants politiques. Pendant la guerre, il était dépendant du camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg. Il ne comportait pas de crématoire, mais enterrait les défunts. On remarque, parmi ses prisonniers célèbres, le Père Jozef Raskin (1892 – 1943). En 1943, une loge maçonnique avait été créée dans ce camp par sept Francs-maçons de la baraque n° 6.
(20) En français maintenant.
(21) Le texte de l’abbé Jenn mentionne ici : S. 64 (page 64).
(22) En allemand de nouveau.
(23) « Stammführer ».
(24) « Celui qui a reçu le Seigneur, il est nécessaire que la tentation l’éprouve ».
(25) Sturmabteilung : section d’assaut.
(26) N.S. Kraftfahrkorps : Corps de transport national-socialiste.
(27) En français.
(28) J.V. : Jugendvereine.
(29) On pourrait en déduire que, s’il l’a jeté au panier, il l’avait désavoué.
(30) La grotte de Montespan : en Haute-Garonne, cette grotte de 1.212 mètres de long, formée au Cétacé moyen et occupée humainenment au Paléolitique supérieur, a été découverte par Norbert Casteret en décembre 1923. Elle compte parmi les plus anciennes du monde. Elle a été classée au Patrimoine en 1923.
(31) La citation est en allemand ; nous traduisons.
(32) Suit une phrase incomplète, dans cette citation. On voit partout à quel travail difficile de mise à jour, s’était attelé l’auteur de la dactylographie du manuscrit original allemand, Gabriel ANDRES, collaborateur du Journal L’Ami du Peuple, auquel l’abbé Jenn avait confié ses pages avant sa mort, en 1995.
(33) L’exil français de Mgr Ruch en Dordogne.
(34) L’abbé Bornert : voir La Voix… n° 28, note 35..
(35) Nous traduisons les lignes de l’abbé Jenn.
(36) Le point d’interrogation est de l’abbé Jenn. Nous avons déjà eu l’occasion de remarquer que l’abbé ne savait rien de ce fait. Il n’y croit pas, car il n’a aucune preuve, malgré un an passé dans le camp.
(37) La citation est en français.
(38) En allemand, de nouveau.
(39) Dans le texte du Journal, le mot « schliesslich » (finalement) devrait sans doute être lu pour « sicherlich » (certainement).
(40) Nous avons transposé au présent ce que notre auteur écrit au passé, pour le rendre plus compréhensible. La suite du texte est maintenant en français.
(41) En français maintenant.
(42) Les SS qui dirigeaient auparavant une localité.
(43) Dans le tapuscrit, les dates sont parfois inversées.
(44) En français, ici.
(45) Pas encore, à cette époque, de préoccupation particulière sur le sort des animaux, qui n’apparaissent ici que comme des objets de consommation. Nous avons déjà eu l’occasion de relever la grande gourmandise de l’abbé Jenn.
(46) « Petit nez » en alsacien.
( 47) La suite en français.
( 48) « Parteigenossen »
(49) La suite en allemand.
(50) Parteigenossen bruns.
(51) En français.
(52) En allemand, de nouveau.
(53) Ces trois mots sont en français.
(54) En allemand, de nouveau.
(55) Ce Biernel était-il le maraîcher de Bischoffsheim ?
L A P H R A S E D U M O I S :
« Ce n’est pas penser à l’avenir du pays que de s’entredéchirer. La haine n’a jamais été une bonne conseillère ».
(Journal Honneur et Patrie, du 21 septembre 1945.)
Château d’Argent : Transmettre le savoir.
La Voix dans le Désert. Mensuel gratuit du Château d’Argent.
Directrice de publication : Danielle Vincent.
Editions du Château d’Argent, 185 rue De Lattre de Tassigny, 6816O Ste Marie-aux-Mines.
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Dépôt légal : 3e trimestre 2O21.
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